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là la route de Toulon à Brest, comme elles menaceraient, des îles du Cap-Vert, le Sénégal, de Saint-Thomas, Libreville, et de Beïra, Madagascar. Hypothèses chimériques, peut-être ? Il le faut souhaiter, et nous le souhaitons ; mais il n’en reste pas moins évident que la France, pour sa sécurité en Europe et en Afrique, ne peut pas se désintéresser du sort des colonies portugaises et particulièrement de celle du Mozambique.

Sous nos yeux trop souvent fermés, de grands empires se constituent peu à peu qui étendent leurs bras sur toutes les parties du monde et qui seront les acteurs de la lutte économique de demain : empire germanique, empire russe, empire britannique, empire américain ; peut-être aussi, si nous savions faire passer avant tout le maintien de notre situation extérieure et user des élémens que nous possédons, empire français. Autour de ces puissantes unités, de ces « tout » économiques et politiques, peu à peu les petits peuples viendront s’agréger ; ils eu seront des annexes. Dès maintenant, il faut bien le voir, le Portugal, avec ses colonies, n’est plus qu’une dépendance de « l’empire britannique ; » il est dans la mouvance de ce haut seigneur féodal ; il gravite autour dit l’Angleterre, attendant d’elle la protection et la vie, comme les cliens de l’ancienne Rome autour de l’insula d’une riche patricienne.


RENE PINON.