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de la toux, étant d’intérêt général, seront facilement acceptées par chacun. D’ailleurs, la peine du renvoi, inscrite dans le règlement, suffira pour briser les résistances individuelles, s’il venait à s’en produire.

Faisons justice, en passant, d’une crainte très vive, ancrée dans l’esprit de beaucoup de personnes, qui s’imaginent que la fondation d’un sanatorium pour tuberculeux dans une contrée est une cause d’insalubrité pour le voisinage. Si le sanatorium est conçu et dirigé selon les données de la science, si les mesures de désinfection générale et de stérilisation des crachats sont prises comme il faut, non seulement aucune contamination n’est à craindre, mais encore l’établissement devient une école d’hygiène. A Falkenstein, depuis l’ouverture du sanatorium de Dettweiler, la mortalité tuberculeuse ; a diminué de plus de moitié parmi la population indigène.

La seule objection vraiment sérieuse à l’entreprise des sanatoriums populaires, c’est le chiffre élevé des frais qu’elle entraîne. Si on ajoute aux dépenses annuelles d’entretien des malades celle de. l’indemnité nécessaire dans la plupart des cas aux familles privées de soutien, si on compte, en outre, comme il est juste de le faire, l’intérêt et l’amortissement des capitaux consacrés à la construction, il est facile de constater que l’hospitalisation d’un malade pendant quatre mois (durée moyenne de la cure) revient à 800 francs environ.

Pour soigner la moitié seulement des 12 000 phtisiques que Paris voit mourir chaque année, il faudrait donc dépenser annuellement près de 5 millions. Cette somme paraîtra moins élevée, si on sait que l’Assistance publique en dépense déjà plus de la moitié en pure perte pour soigner les phtisiques dans les hôpitaux de Paris où ils sont incapables de guérir, et où leur présence ne sert qu’à propager la maladie.

Mais il faut songer surtout à la gravi té du fléau qu’il s’agit de combattre, au nombre des malheureux à sauver et à la foule bien plus grande de ceux qu’on parviendrait à préserver, si les faits répondaient aux prévisions.


L’institution des sanatoriums populaires n’en est plus, d’ailleurs, aux discussions de principe ; elle fonctionne régulièrement, à la satisfaction générale, dans plusieurs pays voisins du nôtre, en Suisse, en Belgique et surtout en Allemagne. L’œuvre