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son établissement une hygiène aussi raison née que minutieuse ; pour éviter la dissémination des germes, il généralisait l’usage du crachoir de poche ; il organisait en même temps la discipline de la toux et donnait ; à ses malades la meilleure leçon de prophylaxie en leur imposant l’obligation de mettre la main ou le mouchoir devant la bouche en toussant, de façon à éviter les projections de mucus bacillifère.

Tu grand nombre d’établissemens analogues à ceux de Gœrbersdorf et de Falkenstein ont été élevés successivement, d’abord en Allemagne, puis en Suisse, en Autriche et enfin en France, c’est-à-dire dans les climats les plus divers : les uns dans la haute montagne, les autres à une faible altitude, quelques-uns au milieu des forêts, d’autres à peu de distance de la mer. Or, partout où les principes de Brehmer et de Dettweiler sont rigoureusement appliqués, les mêmes heureux résultats sont obtenus.

L’expérience a montré que, si certains climats paraissent plus favorables que d’autres à la cure hygiéno-diététique (comme on l’appelle), ces avantages ne sont que relatifs : en d’autres termes, la proportion des succès varie moins selon l’altitude et la latitude des localités où sont situés les établissemens de cure que selon le degré de perfection des aménagemens, du régime alimentaire ai de la direction médicale.

Si la méthode de Brehmer, aussi simple que rationnelle, pouvait être appliquée aux tuberculeux pauvres de Paris, on obtiendrait certainement des résultats aussi bons que ceux fournis par les établissemens réservés aux malades riches. En effet, l’action tonique de la cure d’air et de repos vaut surtout par le contraste, et par le changement d’habitudes qu’elle impose à l’organisme malade. Or, le contraste serait bien plus grand et le changement d’habitudes bien plus complet pour des malades appartenant à la classe ouvrière que pour des gens aisés : les premiers ne connaissent ni l’air pur, ni le repos, et leur alimentation laisse souvent à désirer ; les seconds, au contraire, sont habitués à toutes les formes du confort. Nul médecin n’ignore que le traitement de la chlorose est beaucoup plus facile et donne des succès bien plus rapides dans la pratique hospitalière que dans la clientèle urbaine ; il est rationnel de penser que les mêmes différences s’observeraient pour la tuberculose et que la grande majorité des phtisiques pauvres guériraient par la cure