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autour des parties malades, un tissu fibreux s’organise, dont l’épaisseur va rapidement croissant ; les colonies bacillaires étouffées par la rétraction de ce véritable tissu de cicatrice, se ratatinent, s’atrophient pour ainsi dire, et enfin subissent l’infiltration calcaire, dernier terme de leur régression.

Si cet enkystement des tubercules pulmonaires se produit à une époque rapprochée du début, le malade retrouve sa santé entière, et quelques soins d’hygiène suffiront à le mettre à l’abri des récidives. Si, au contraire, l’arrêt du travail morbide n’a lieu que plus tard, quand une notable partie du parenchyme des poumons a été détruite ou creusée de cavernes, la guérison ne peut plus être aussi solide ; le malade, même après la cicatrisation achevée, restera toujours un invalide exposé à voir son mal se réveiller à la suite de la moindre imprudence, et l’infiltration bacillaire reprendra sa marche envahissante. Ce danger est d’autant plus grand que le virus tuberculeux (contrairement à beaucoup d’autres) n’immunise pas les sujets qui ont subi une fois ses atteintes : au contraire, plus a été profonde l’imprégnation de l’organisme par la tuberculine, plus sa sensibilité au virus augmente et plus la récidive est aisée.

Cette sensibilité particulière, ce défaut de résistance, organique qui caractérise le tuberculeux, se transmet d’ailleurs à sa descendance : les enfans des phtisiques apportent en naissant non le bacille, mais la prédisposition morbide, la réceptivité qui fera d’eux plus tard une proie facile pour l’infection d’où qu’elle vienne. Ainsi le fléau de la tuberculose ne se contente pas de faucher la génération actuelle, il détériore aussi la race, et sa funeste influence contribue il l’abâtardissement des générations à venir.


III

Le tableau abrégé, et nécessairement un peu schématique, que nous venons de tracer permet de comprendre pourquoi la tuberculose trouve à Paris son foyer de prédilection et pourquoi les ravages qu’elle y fait augmentent d’année en année plus rapidement que partout ailleurs.

La principale source du contage tuberculeux, nous avons montré que c’est l’expectoration des phtisiques. Cette expectoration est virulente dès le moment où les tubercules ramollis