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dus à la phtisie et aux affections connexes : à Paris, où le mal atteint son plus haut degré, sur 50 000 décès annuels, la tuberculose en revendique pour sa part plus de 12 500, soit un quart de la mortalité. Toutes les conditions sociales payent leur part de ce tribut formidable, et les riches, en dépit des raffinemens du confort et du luxe, ne sont proportionnellement guère plus épargnés que les pauvres.

Cette maladie est une maladie contagieuse, transmissible d’homme à homme ; l’agent morbide qui la détermine nous est parfaitement connu ; ses voies de pénétration n’ont plus rien de mystérieux, grâce aux travaux d’une légion d’expérimentateurs ; nous savons comment on peut en empêcher la propagation, et, si la médecine n’a pas encore découvert d’antidote véritable, l’hygiène du moins met à son service un ensemble de moyens qui, employés à temps, procurent la guéri son dans la majorité des cas. Cependant Paris n’a fait jusqu’ici aucun effort sérieux pour se délivrer du fléau qui décime ses habitans : les pouvoirs publics se sont contentés d’instituer des commissions, de provoquer des rapports, d’ébaucher des plans bientôt abandonnés ; de son côté, l’opinion, si prompte à s’émouvoir en cas de collision de trains, d’incendie de théâtre ou d’autre catastrophe accidentelle, ne paraît pas se soucier de ce péril national ; elle reste indifférente, sinon quelque peu sceptique, et n’a su imposer à l’inertie de ses gouvernails aucune mesure de défense efficace.

Et pourtant les exemples ne manquent pas : dans plusieurs pays voisins, bien moins gravement atteints que nous-mêmes, la lutte a été entreprise, et soutenue depuis plusieurs années avec une grande énergie ; en Allemagne, en Suisse notamment, grâce au concours de toutes les bonnes volontés, des mesures d’ensemble ont pu être réalisées, dont on commence à apercevoir les heureux résultats.

Pourquoi ce contraste ? Peut-être parce que chez nous, malgré les cris d’alarme de quelques bons citoyens, la question n’est guère sortie jusqu’ici des cercles purement médicaux et n’a pas été portée suffisamment devant le grand public, qu’elle intéresse pourtant de la manière la plus directe. Il y a lieu, croyons-nous, de la faire mieux connaître, et de présenter aussi clairement que possible les données de ce grave problème à l’attention de ceux qui peuvent nous aider à le résoudre. Les pages qui suivent n’ont pas d’autre but.