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Lisbonne et de ses nationaux pour faire fructifier les riches territoires que renferme le Mozambique ont amené déjà d’heureux résultats : des établissemens nouveaux se développent et prospèrent peu à peu le long du Zambèze et sur les plateaux salubres de l’intérieur.

Tant que les Portugais se sont bornés à trafiquer avec les indigènes dans leurs comptoirs de la côte, ils n’ont pas fait de sérieuse tentative pour mettre les terres en valeur ; mais, en ces dernières années, les cruelles leçons de la politique ont réveillé l’activité du gouvernement et des régnicoles ; des compagnies privilégiées ont été fondées et des colons sont venus dans l’intention de pénétrer à l’intérieur et d’y créer des exploitations rurales. Les côtes du Mozambique sont, en général, basses, marécageuses ou couvertes de dunes infertiles et souvent malsaines, interrompues çà et là par des fleuves qui finissent presque tous en deltas vaseux ou en estuaires ensablés. Ainsi tout le bas pays de Gaza, entre les bouches du Limpopo et le delta insalubre du Zambèze, en général sec et stérile, couvert d’herbes, d’arbustes épineux, parsemé de lagunes, est impropre à la colonisation, et la présence de la terrible mouche tsétsé y empêche même l’élevage du bétail. Au nord du Pongoué, les flancs de la sierra de Gorongosa, qui dresse l’un de ses pics granitiques jusqu’à 2 000 mètres, mieux arrosés, couverts de magnifiques forêts, pourraient se prêter à l’établissement des blancs. Mais c’est surtout plus loin dans l’intérieur, en s’élevant peu à peu, de terrasses en terrasses, jusqu’aux plateaux, que l’on rencontre des terrains, une altitude et un climat favorables à la culture et à la vie des Européens. Les forêts sont riches en essences variées et nourrissent en abondance diverses lianes qui produisent un caoutchouc d’excellente qualité ; le sol, selon la quantité de pluie ou de soleil qu’il reçoit, fait pousser des céréales, du millet, du maïs, du riz, du blé, du sésame, des arachides ou de la canne à sucre, du cacao, du tabac[1]. C’est dans ces régions que la compagnie du Mozambique exerce, en vertu d’une charte du roi de Portugal, des droits souverains, trafique avec les indigènes et explore le pays dans l’espoir d’y trouver des champs d’or comparables à

  1. La Société des Sucres portugais a établi, surtout le long du Zambèze, des plantations qui réussissent très bien ; une fabrique de sucre de cannes a été établie à Marromeu. — Une Compagnie marseillaise des Huiles et Savons du Mozambique exporte de grandes quantités de graines oléagineuses ; etc.