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la désintégration du protoplasma, du tourbillon vital de Cuvier, et du double mouvement incessant d’assimilation et de désassimilation qui détruit à chaque instant la matière vivante et la rétablit à chaque instant. Dans la réalité, le protoplasma vivant est à peu près invariable ; il ne subit que des oscillations peu étendues, et ce sont les matériaux, les alimens sur lesquels il opère, qui sont soumis à de continuelles transformations.


V

Les matières albuminoïdes ou protéiques sont des composés extrêmement complexes ; ils le sont beaucoup plus qu’aucun de ceux qu’envisagent habituellement les chimistes. Ils présentent aussi une assez grande variété. Il a été difficile de les séparer ou de les caractériser les uns par rapport aux autres, en un mot de les classer. Aujourd’hui, on en distingue trois classes qui diffèrent à la fois au point de vue physiologique et au point de vue chimique. La première comprend les albuminoïdes complets ou typiques : ce sont les Protéides ou nucléo-albuminoïdes : ils se rencontrent dans les parties les plus actives et les plus vivantes du protoplasma, et par suite, dans le spongio-plasma de la cellule et surtout du noyau. — Le second groupe est formé des Albumines et globulines, composés déjà plus simples, éclats fragmentaires provenant de la destruction des précédens où ils entrent comme élémens constitutifs ; à l’état isolé ils n’appartiennent pas au protoplasma réellement vivant ; ils existent dans le suc cellulaire, dans les liquides interstitiels et circulans, dans le sang, dans la lymphe. — La troisième catégorie comprend des albuminoïdes véritables mais incomplets ; ceux-là sont engagés dans les tissus de l’économie à vie spécialisée ou atténuée qui servent de point d’appui aux élémens plus actifs. Ils contribuent, en un mot, à la constitution des tissus osseux, cartilagineux, conjonctif, élastique : ce sont les albuminoïdes.

C’est naturellement le premier groupe, celui des protéides, c’est-à-dire des élémens typiques de la substance vivante, qui doit surtout fixer l’attention du physiologiste. Il y a peu de temps que l’on a caractérisé ces substances et qu’on les a retirées de la masse confuse des autres composés protéiques. Une telle spécification n’est devenue possible qu’après les recherches de Miescher et de Kossel sur les nucléines, qui remontent à 1871 et 1892, et celles de Lilienfeld et d’Yvor Bang sur les histones, qui datent de 1893 et de 1899. Ces albuminoïdes