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trois ordres de principes immédiats, à savoir les albuminoïdes, les hydrates de carbone et les graisses. Ces propriétés contribuent, mais ne suffisent point à définir l’organisation ; toutefois, elles la rattachent au monde physique. En ce qui concerne le dernier caractère, celui qui consiste dans la présence des trois ordres de principes immédiats, on a fait observer qu’en définitive les matières protéiques on albuminoïdes seules étaient caractéristiques. Les deux autres groupes, hydrates de carbone et corps gras, sont plutôt des témoins et des produits de l’activité physiologique que des constituans de la matière vivante.

C’est donc sur la connaissance des matières protéiques que s’est concentrée l’attention des chimistes biologistes. Leurs efforts depuis une trentaine d’années, et particulièrement dans les quatre dernières, ont tendu à l’approfondir : ils n’ont pas été stériles ; ils permettent de tracer une première esquisse de la constitution de ces substances.

Mais, avant d’en venir là, il nous faut signaler une dernière propriété caractéristique du protoplasma, c’est à savoir son avidité pour l’oxygène. On croyait, il y a une trentaine d’années, que le protoplasma se détruisait continuellement et que l’oxygène respiratoire était destiné à brûler les substances de déchet provenant de cette désintégration. On sait, depuis les travaux de Pflüger, de 1872 à 1876, que les substances brûlées par l’oxygène viennent du dehors tout aussi bien qu’il en vient lui-même et que le protoplasma n’est que le théâtre, le foyer ou l’agent de la combustion. Il n’y fournit pas lui-même d’aliment. Il opère comme le chimiste qui réalise une réaction avec des matières premières mises à sa disposition. Il est d’ailleurs si avide de cet oxygène ouvrable que le gaz ne peut exister à l’état libre dans son voisinage. Le protoplasma vivant exerce donc un pouvoir réducteur. A. Gautier, en 1881, et Ehrlich, en 1890, en ont fourni de nouvelles démonstrations. Mais c’est là une avidité de surface. M. A. Gautier a beaucoup insisté sur ce que les phénomènes de combustion s’accomplissent, pour ainsi dire, à l’extérieur de la cellule, et aux dépens des produits qui l’entourent ; tandis que, au contraire, les parties vraiment actives et vivantes du noyau et du corps cellulaire fonctionnent à l’abri de l’oxygène, à la façon des microbes anaérobies.

Ces résultats sont de grande conséquence. M. Burdon Sanderson, le savant physiologiste de l’Université d’Oxford, n’a pas craint de’ les mettre en balance avec la découverte de Lavoisier. Il y a là, sans doute, quelque exagération ; mais il n’y en a pas moins, en sens contraire, à les tenir pour non avenus ; et c’est le cas d’un trop grand nombre de physiologistes. Il n’est presque plus permis, aujourd’hui, de parler de