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Telle est la constitution typique de la matière vivante, d’après l’observation microscopique complétée par une hypothèse parfaitement acceptable et qui n’est, pour ainsi dire, que la traduction de l’une de ses propriétés physiques les plus évidentes. Ce schème, relativement simple, a été compliqué ultérieurement par les biologistes. Sur l’hypothèse micellienne, qui a presque un caractère de nécessité, on en a greffé de nouvelles qui n’ont plus qu’un caractère de commodité. On s’est éloigné ainsi de plus en plus de la réalité véritable. C’est ainsi que, pour expliquer les phénomènes de l’hérédité, on s’est laissé entraîner à intercaler dans la hiérarchie citée plus haut, entre la micelle et le microsome, un élément hypothétique, intermédiaire, que Hæckel a appelé plaslidule, qui a été nommé idioblaste par Hertwig, pangène par de Vries et plasome par Wiesner. Ce sont là des vues de l’esprit, ou de simples images destinées à les représenter.


III

Toute cellule capable de vivre, de croître et de multiplier possède un noyau, de constitution très analogue à la masse cellulaire qui l’entoure. Les élémens anatomiques où l’on n’aperçoit pas de noyau, tels les globules rouges du sang des mammifères adultes, sont des corps voués à une disparition plus ou moins prochaine. Il n’y a donc pas de véritable cellule sans noyau, et il n’y a pas davantage de noyau sans cellule. Les exceptions à cette règle ne sont qu’apparentes : les histologistes les ont examinées une à une et en ont manifesté le caractère purement spécieux. De là résulte qu’il y a un protoplasma nucléaire et un suc nucléaire comme nous avons vu qu’il y avait un protoplasma et un suc cellulaires. On peut répéter de celui-ci ce qui a été dit tout à l’heure de celui-là, et peut-être avec plus de netteté encore. Le protoplasma est, ici encore, une masse filamenteuse ; elle consiste quelquefois en un cordon ou mitome unique pelotonné sur lui-même et susceptible d’être déroulé. Le mitome, à son tour, est un chapelet de microsomes unis par le ciment de la linine. Flemming lui appliquait le nom de filament chromatique, ou même de chromatine, pour exprimer la propriété qu’il possède de fixer fortement les colorans, surtout ceux qui dérivent de l’aniline. Ce sont, en définitive, les mêmes élémens constituans que tout à l’heure, et la langue savante les distingue les uns des autres en faisant précéder leurs noms des mots cyto ou caryo qui, en grec, signifient cellule et noyau, suivant qu’ils appartiennent à l’un ou l’autre de ces organes. Ce sont là affaires de