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protoplasma à une éponge dont les mailles contiennent une substance fluide, transparente, hyaline, l’hyatoplasma. Au point de vue chimique, ce suc cellulaire est un mélange de matériaux très divers, albumines, globulines, protéides, hydrates de carbone et graisses, élaborés par la cellule même ; c’est un produit de l’activité vitale ; ce n’est point encore le support de cette activité. La matière vivante est réfugiée dans le tissu spongieux lui-même, dans le spongioplasma. Et comme le tissu d’une éponge, déchiré, manifeste les libres qui le constituent, le spongioplasma, de son côté, se montre formé d’un enchevêtrement de fibres, rubans ou filamens (en grec, mitomes). Dans chacun de ces mitomes, les artifices de l’examen microscopique permettent de déceler une série de granulations en chapelet, les microsomes ou bioblastes, réunis les uns aux autres par une sorte de ciment, la linine.

L’examen microscopique ne conduit pas plus loin. Le microscope, avec ses plus forts grossissemens actuels, ne permet de rien apercevoir au-delà de ces chaînons de microsomes alignés, formant l’espèce de fil protoplasmique, ou mitoine, dont le corps cellulaire est un écheveau brouillé ou un peloton extrêmement enchevêtré. Il n’est pas probable que la vue directe puisse atteindre bien loin au-delà de ce terme. Sans doute le microscope, qui a reçu de si grands perfectionnemens, peut en recevoir encore. Mais ceux-ci ne sont pas indéfinis. On en est au grossissement linéaire de 3 000 fois, et la théorie indique le grossissement de 4 000 comme une limite qui ne saurait être dépassée. La puissance de pénétration de l’instrument est donc près de son apogée : il a donné presque tout ce que l’on peut en attendre.


II

Il faut cependant pénétrer au-delà de cette structure microscopique où s’arrête le sens de la vue. L’étude des propriétés physiques en fournit les moyens : la théorie les complète. C’est ainsi que la considération des propriétés de turgescence et de gonflement qui appartiennent très généralement aux tissus organisés et par conséquent à la matière organique du protoplasma, a permis de se faire une idée de sa constitution ultra-microscopique. Si l’on humecte un morceau de sucre ou un morceau de sel, ceux-ci avant de se dissoudre, absorbent l’eau et s’imbibent, sans augmenter sensiblement de volume. Il en est tout autrement avec un tissu (c’est-à-dire avec un protoplasma) préalablement appauvri en eau. Celui-ci, plongé dans le liquide l’absorbe, se gonfle et s’accroît souvent à un degré considérable. Et cette