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REVUE SCIENTIFIQUE

LA CHIMIE DE LA MATIÈRE VIVANTE

C’est la tache permanente des physiologistes de déterminer les propriétés physiques de la matière vivante et sa constitution chimique. De cette connaissance on attend l’explication, tout au moins partielle, de la phénoménalité vitale, s’il est vrai que celle-ci ne soit autre chose que la physique et la chimie du corps organisé. Chaque génération de physiologistes aborde donc à son tour cette difficile question, et la mène plus ou moins avant. La nôtre n’a pas failli à sa tâche. Après les anatomistes, qui ont poussé bien près de son terme l’étude microscopique de la cellule et du protoplasma, les chimistes, à leur tour, sont entrés en scène. Ils ont essayé de fixer la composition chimique de ce protoplasma cellulaire qui est « la base physique de la vie, » selon le mot d’Huxley, « le facteur de la vie, » pour Danilewsky, ou tout au moins le théâtre de ses manifestations. Et d’abord, ils ont essayé de pénétrer la constitution des matières albuminoïdes ou protéiques qui en forment l’élément principal. Après le professeur du Collège de France Schulzenberger, dont l’œuvre remonte à plus de vingt-cinq ans, l’école allemande a repris cette étude, et les travaux de Kossel et de ses élèves l’ont portée à un point de développement qu’il peut être intéressant de faire connaître.


I

Le résultat le plus général de tous ces travaux a été d’établir l’unité morphologique et l’unité chimique de l’être vivant. L’unité morphologique a été l’œuvre des anatomistes de la seconde moitié du XIXe siècle, aussi bien de ceux qui ont étudié les plantes ou les animaux inférieurs