Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 2.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA COLONIE DU MOZAMBIQUE
ET
L’ALLIANCE ANGLO-PORTUGAISE

Le Congrès de Berlin et les nombreuses conventions qui sont intervenues en ces dernières années ont tracé à chacune des grandes puissances colonisatrices sa part dans le continent noir ; voisines et rivales en Europe, elles se retrouvent face à face en Afrique ; toute altération ou toute rupture de l’équilibre africain a désormais sur l’équilibre européen une répercussion immédiate et dangereuse. Des différends sont nés sur le Nil ou le Niger qui ont manqué troubler le monde et le livrer aux fureurs d’une guerre générale. Les mêmes intérêts, les mêmes passions, les mêmes rancunes qui s’agitent depuis si longtemps sur la scène politique européenne se prolongent jusqu’en Afrique, comme d’ailleurs en Asie et dans le monde entier. De même qu’en Europe, il existe en Afrique une série de « questions » autour desquelles s’entre-croisent les ambitions, s’enroulent les intrigues, et s’échafaudent les combinaisons. De même qu’en Europe, il existe en Afrique des États faibles, qui redoutent leurs dangereux voisins, et dont la succession, âprement convoitée, peut devenir un sujet de querelles internationales, et des États forts, dont les moindres mouvemens sont, pour les autres, un sujet de trouble et d’alarme, et dont la puissance envahissante est une menace pour qui les approche.

Ainsi, c’est une « question » de savoir si le Portugal gardera ou non ses colonies africaines. Il en a perdu, voici onze ans, d’importans morceaux ; et, plus récemment, on a pu le croire à la