Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 2.djvu/439

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sustentation de 14 mètres carrés. Il n’y avait, bien entendu, aucun moteur.

Pour arriver, avec ce planeur, comme Lilienthal appelait cette machine, à pratiquer le vol plané, on court contre le vent en abaissant les ailes et en descendant la pente douce d’une colline de 30 mètres de hauteur environ. Quand on juge la vitesse acquise suffisante, on relève légèrement la surface de sustentation, de manière à la rendre à peu près horizontale. Une fois dans l’air, pendant le planement descendant, on cherche, par tâtonnement, à donner au centre de gravité de toute la masse une position telle que l’appareil soit projeté rapidement en avant, mais descende aussi peu que possible. Le difficile est de maintenir son équilibre : comme le vent frappe la partie supérieure des ailes, il faut toujours porter les pieds en avant, de façon à forcer le planeur à remonter contre le vent ; dans le cas contraire, en effet, l’appareil tendrait à tomber, en piquant une tête en avant.

Grâce à cette façon de manœuvrer, Lilienthal, dans les deux mille voyages aériens qu’il a effectués, a pu parcourir, sans loucher terre, des distances de 300 à 366 mètres, quelquefois avec une vitesse de 15 mètres par seconde, soit 54 kilomètres à l’heure, le plus souvent, avec une vitesse de 9 mètres par seconde, soit 32 kilomètres à l’heure. Avec un vent debout de 4 à 5 mètres à la seconde, la composante de soulèvement était de 118 kilogrammes et la chute de 0m, 50 par seconde, seulement.

Dans certaines circonstances spécialement favorables, Lilienthal put s’élever, pendant le trajet, à un niveau supérieur à celui du point de départ. Il réussit même quelquefois, en déplaçant le centre de gravité sur l’un ou l’autre côté, par un mouvement d’extension de ses jambes, à dévier la trajectoire de son vol et il arriva même à ce résultat merveilleux de revenir, pendant un certain temps, vers son point de départ.

Aussi, encouragé par le succès, se préparait-il, après avoir préalablement adapté à son planeur un moteur très léger, à passer à la pratique du vol à la voile, dont l’importance est considérable, puisque c’est ce genre de locomotion qui permet aux condors, aux vautours, aux albatros, etc., le mouvement de translation le plus rapide et le plus prolongé pour le minimum d’effort musculaire, l’animal, afin d’utiliser, pour entretenir sa