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chez l’oiseau, le centre de pression soit toujours très voisin du centre de gravité). Mais l’air est le siège d’embardées répétées et violentes, dirigées dans tous les sens, qui engendrent des oscillations heurtées très dangereuses. À côté de la stabilité longitudinale, il y a donc lieu de se préoccuper de la stabilité transversale. Or, pour l’instant, on ne connaît aucun dispositif mécanique capable de défendre l’aéroplane contre les embardées qui peuvent l’assaillir de côté, à moins d’attacher à la surface sustentatrice la vessie tant dédaignée de Charles.

Il est certain, en effet, que la stabilité et la sécurité, si précaires dans les aéroplanes, seraient admirablement assurées par l’emploi du ballon comme sustentateur. Aussi, nombre d’aviateurs ont-ils songé, depuis longtemps, à l’emploi de systèmes mixtes, ballons-aéroplanes, ballons-orthoptères, etc. Seulement, en ce qui concerne les ballons-aéroplanes, n’est-il pas évident que de pareilles machines ne seront jamais que des ballons surchargés, c’est-à-dire établis dans les pires conditions au point de vue de la vitesse ? Mieux vaudrait des ballons-orthoptères, comme celui que propose le docteur Jaguaribe, si, comme on l’a vu plus haut, la question des orthoptères était plus complètement élucidée. À n’importe quel système mixte, on doit donc préférer, sans conteste, les ballons ordinaires. Mais, comme nous l’avons démontré, c’est une absurdité de compter sur eux pour la solution pratique du problème de la navigation aérienne. Conclusion : ou cette navigation, telle que nous la concevons, n’est qu’un rêve irréalisable, ou son avenir est dans l’aviation, dans l’aviation seule. Reste à décider si le problème de l’aviation, tel qu’il se pose à l’heure actuelle, doit être résolu dans le silence du cabinet. La réponse s’impose d’elle-même : c’est en plein air, en pleine lumière, qu’on doit chercher une solution, s’il y en a une.

Cela, quelques bons esprits le pensent depuis longues années, et c’est, en somme, ce qu’ont pensé tous les hommes volans, depuis Olivier de Malmesbury jusqu’au marquis de Bacqueville, en passant par Léonard de Vinci. Pourquoi, écrivait H. de Graffigny, l’homme n’essaierait-il pas d’apprendre à voler, comme il a essayé et a appris à nager ? Laissons de côté, pour l’instant, ajoute-t-il, toutes ces machines volantes compliquées dont aucune n’a donné de résultats bien sérieux et, après avoir répété à l’aide d’un appareil sustentateur quelconque, aussi simple que possible,