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Soreau pense, au contraire, qu’elle est surtout due à la projection de l’aile en avant au moment de l’abaissée, projection assez forte, non seulement pour entraîner les ailes par rapport au corps, mais aussi pour faire propulser en avant l’ensemble de l’animal. En ce qui concerne le rôle de la queue, on est d’accord pour la considérer comme un gouvernail de profondeur, destiné à compenser, suivant qu’elle s’étale ou se ferme, s’incline ou se relève, les variations de la surface sustentatrice.

Cependant, si R. Soreau et la plupart des aviateurs ne veulent pas entendre parler des orthoptères, d’autres, comme Lapointe, restent sur la réserve. En somme, la question n’est pas mûre. Mais, alors, n’est-il pas évident que, dans ces conditions, l’aéroplane s’impose par le raisonnement comme par l’expérience ? simplicité, sécurité, rapidité, tout ne se trouve-t-il pas réuni en lui ? sa mise en marche, avec les moteurs actuels, n’est-elle pas, après ce que nous avons dit plus haut, une opération faisable ? À la réflexion, d’ailleurs, on comprend difficilement comment on pourrait continuer à accorder une importance primordiale au rôle que joue la puissance de la force motrice dans les appareils d’aviation. Peut-on sérieusement admettre qu’un albatros, qui plane des journées entières au-dessus de l’Océan, sans trêve ni repos, avec une sardine dans le ventre, dispose d’une machine de la force de plusieurs chevaux ?

En résumé, le problème de l’aviation au moyen des aéroplanes doit, aujourd’hui, être considéré comme résolu au point de vue dynamique. À cette heure, c’est une question d’équilibre, une question de statique, qui se pose et, malheureusement, tout semble indiquer que cette seconde partie du problème sera beaucoup plus difficile à mener à bien que la première. Pourquoi ? c’est ce qu’il est facile de comprendre.

Si l’air était un fluide entraîné en masse d’un mouvement uniforme, la stabilité longitudinale d’un aéroplane serait assez facile à obtenir : les variations inévitables d’inclinaison de la surface de sustentation, variations qui ont pour effet de changer, à chaque instant, la position du centre de pression, n’entraîneraient que de légères oscillations qu’on pourrait aisément amortir. Il suffirait, par exemple, comme nous avons vu que l’a fait Maxim, de remplacer la surface sustentatrice unique par plusieurs surfaces de sustentation superposées, ce qui aurait pour effet d’éloigner le centre de pression du centre de gravité (quoique,