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automate, mais en transformant le mouvement de va-et-vient d’un piston mû par la vapeur en un mouvement de rotation.

Remarquons ensuite que, chez les moteurs animés, c’est par des phénomènes de disposition inconsciente que la force motrice est transmise, instantanément et avec des variations à l’infini, aux innombrables muscles qui la mettent en œuvre. Tout moteur de ce genre, dit Espitallier, constitue une machine qui se règle d’elle-même, une machine automatique instinctive, et cette régulation se fait sentir, jusque dans les parties les plus infimes, avec une promptitude et une sensibilité telles qu’il faut renoncer à copier le modèle sous ce rapport. On ne pourra donc, si l’on veut absolument imiter la Nature, qu’obtenir une imitation plus apparente que réelle, une approximation plus ou moins grossière, car il manquera toujours à cette imitation l’admirable adaptation et l’infinie souplesse des organes de la machine animée. Que si l’on supprime ces dernières qualités, pourtant essentielles, il ne reste plus qu’un moteur d’un faible rendement, compliqué d’organes sans nombre. C’est pour cela que toutes les tentatives faites avec des orthoptères ont piteusement échoué.

Ne demandons à la Mécanique que ce ; qu’elle peut donner. Au lieu d’organes complexes, auxquels il faut distribuer la force, laissons cette science réduire et décomposer en élémens simples, par les moyens qui lui sont propres, le problème de l’aviation.

D’ailleurs, en admettant comme un dogme l’imitation, de la Nature, quel genre de volateurs imiter ? La mouche, le moineau ou l’aigle ?

Si les volateurs animés et de petite taille, comme le moineau, pratiquent surtout le vol ramé, c’est-à-dire, sont, en somme, de véritables orthoptères, en revanche l’observation a démontré que les volateurs animés de grande taille, comme l’aigle, pratiquent de préférence le vol à la voile, se servant de leurs ailes comme d’une surface aéroplane. En outre, tout le monde n’est pas d’accord sur la différence essentielle de ces deux genres de vol et sur l’irréductibilité absolue du premier au second. Pour beaucoup d’aviateurs, l’abaissée et la relevée de l’aile ont simplement pour effet de permettre à l’oiseau la sustentation, en même temps qu’elles fournissent une composante de propulsion qui entretient la vitesse acquise. Quant à celle vitesse, si, d’après Marcy et son école, elle est particulièrement due au coup de rame que donne l’aile à la fin de l’abaissée quand elle se porte en arrière, R.