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entre les premiers et les seconds, la même différence qu’entre les locomotives à moteur très léger que l’on met entre les mains des enfans et les locomotives des voies ferrées. Les expériences faites avec des aéroplanes-oiseaux, comme on peut appeler ceux de Langley et de Tatin (avec d’autant plus de raison que le poids du volateur Tatin est celui des plus gros volateurs animés), montrent simplement que la solution du problème de l’aviation est plus facile avec de petits appareils qu’avec des gros. Mais qu’importe au public ? C’est la question des aéroplanes-navires, comme ceux de Maxim et d’Ader, qui, seule, l’intéresse, car, ce qu’il lui faut, c’est une machine capable de transporter des voyageurs à travers les airs, dans des conditions raisonnables de sécurité, de vitesse et de durée. La seule conclusion à tirer de ce qui précède, c’est que, si l’avenir de la navigation aérienne est dans l’aviation, l’aéroplane semble déjà le genre d’appareil sur lequel on peut le plus compter.

Mais, dira-t-on, les hélicoptères, les orthoptères, doivent-ils être condamnés pour toujours ?

On peut d’abord objecter aux hélicoptères que la théorie de l’hélice est encore à faire ; qu’ensuite, le jour où elle sera faite, ce système de locomotion aérienne sera probablement toujours inférieur à l’aéroplane. Comme le fait encore remarquer R. Soreau, avec un jeu d’hélices verticales et horizontales, la propulsion pourra singulièrement troubler l’action des hélices sustentatrices ; de plus, ces dernières agiront comme des aéroplanes de formes compliquées qui auront, sur la voilure immobile des aéroplanes ordinaires, l’inconvénient d’exiger des calculs très délicats ; à l’atterrissage, elles priveront la machine et les passagers du parachute formé par une grande voilure. Si les hélices sont inclinées, alors la sécurité sera plus que précaire.

Passons aux orthoptères.

Ce système de locomotion aérienne a toujours passionné un grand nombre d’aviateurs, parce que, disent-ils, l’homme doit chercher à imiter la Nature.

Observons d’abord que, si l’étude de la Nature est la seule-féconde en résultats, il ne s’ensuit pas forcément qu’il en soit de même de son imitation. L’industrie humaine emploie, en général, des moyens radicalement différens de ceux que nous voyons employer par la Nature : ainsi, la locomotion sur terre a été portée jusqu’à la perfection, non en réalisant un cheval