Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 2.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grammes, plus que suffisante, par conséquent, et à une vitesse propre d’environ 64 kilomètres à l’heure, soit 18 mètres par seconde.

La chaudière, chauffée à la gazoline, était portée par le plancher de la nacelle. Quant au moteur proprement dit, il était établi sur un bâti d’environ 1m,25 de haut, afin de lui permettre d’atteindre le niveau nécessaire pour actionner les arbres des hélices. Pour assurer une marche de longue durée, sans avoir besoin de renouveler la provision d’eau, la vapeur était condensée dans des tubes très légers et très minces, le refroidissement se faisant au simple contact de l’air, que la marche de la machine devait renouveler à chaque instant. Ces tubes servaient aussi à renforcer la construction et formaient une partie des cadres de sustentation.

En septembre 1894, Maxim tenta un essai définitif : l’aéroplane fut placé sur des rails d’une longueur de 600 mètres, afin de pouvoir lui donner une vitesse suffisante pour planer. On eut l’idée d’empêcher tout soulèvement prématuré et, aussi, de mesurer la force de soulèvement, en disposant au-dessus de ces rails deux contre-rails de 200 mètres de longueur. L’expérience réussit incontestablement dans sa partie essentielle, puisque les contre-rails cédèrent sous l’effort. Malheureusement, l’appareil fut sérieusement avarié par suite de la rupture d’un essieu. Depuis, les choses en sont restées là.

L’avion d’Ader, que tout le monde a pu voir à l’Exposition universelle, a une voilure formée de deux ailes fixes et concaves, semblables à celles de la chauve-souris. Cette concavité a pour but d’augmenter la composante de soulèvement (c’est pour la même raison que l’on donne de l’embue aux voiles des navires) et la courbure en a été ; établie d’après une loi qui est le fruit des longues études de l’éminent ingénieur sur le vol des oiseaux et les organes de ce vol. Ader a, en effet, constaté que la Nature avait adopté, pour ces organes, une courbe géométrique spéciale bien définie, une spirale logarithmique qui se développe de l’avant à l’arrière dans le sens de la translation. Chaque plume, prise séparément, semble obéir à la même loi : la courbure est plus ou moins accentuée suivant la charge des ailes, mais la spirale se retrouve toujours et partout, qu’il s’agisse d’une aile d’oiseau, de chauve-souris ou de mouche. Cette loi, qui paraît bien établie, nous semble digne d’attirer l’attention des aviateurs.