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Conclusion aussi inévitable qu’inattendue : des appareils plus lourds que l’air, c’est-à-dire plus lourds que la masse d’air qu’ils déplacent, peuvent seuls fournir une solution pratique du problème de la navigation aérienne, l’aviation devenant ainsi le prolongement naturel de l’aérostation.


II

La sustentation et la propulsion dans l’air d’un corps qui, comme celui des oiseaux, est plus lourd que ce fluide, ne pouvant s’expliquer, comme l’avait compris Léonard de Vinci, que par la résistance que l’air lui-même oppose au mouvement du corps, toute recherche relative à l’aviation suppose donc la connaissance des lois de la résistance de l’air au mouvement d’un corps qui y est entièrement plongé. Or, ces lois sont loin d’être bien établies.

Pour donner une idée de l’insuffisance de nos connaissances en cette matière, considérons le cas le plus simple, celui du mouvement uniforme et horizontal, dans un air calme, d’une surface plane d’épaisseur négligeable (un carreau, pour parler le langage technique), relevée sur l’horizon d’un angle quelconque, l’angle d’attaque, comme on l’appelle. L’expérience montre, et on peut regarder ce point comme acquis, que, pour une vitesse ne dépassant pas 50 à 60 mètres par seconde, la résistance due au vent que fait naître le mouvement du carreau, résistance normale à la surface, augmente proportionnellement à cette surface et au carré de la vitesse.

Mais la valeur de l’angle d’attaque influe évidemment sur cette résistance. Pour des angles d’attaque ne dépassant pas 10 à 12 degrés, on admet généralement que la résistance augmente proportionnellement au sinus de ces angles. Mais pour des angles plus grands, les opinions sont partagées : les uns admettent encore la loi du sinus, d’autres une loi plus compliquée, proposée par Duchemin et vérifiée par Langley. La même incertitude existe aussi sur la valeur du coefficient numérique par lequel, afin d’obtenir la valeur de la résistance, il faut multiplier le triple produit de la surface du carreau par le carré de sa vitesse et le sinus de l’angle d’attaque.

Ce n’est pas tout.

Quand le mouvement d’un carreau est orthogonal, c’est-à-