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financière d’ailleurs satisfaisante ; accordons-lui ce que nous accordons sans difficulté à des sociétés qui ne se recommandent ni par sa durée séculaire, ni par son importance, ni par le nombre de ses adeptes en France et sur toute la surface du globe, et qui, enfin, ne présentent pas au gouvernement la garantie d’un chef nommé par lui.

« Par ces divers motifs, la section de l’Intérieur, à l’unanimité, moins le rapporteur (à ce moment M. de Bussières interrompit : « A l’unanimité des membres présens ; ») je repris : à l’unanimité des membres présens, moins le rapporteur, a adopté en principe le projet de décret qui lui était soumis. Toutefois elle en a modifié la formule, d’accord avec M. le directeur général de l’administration départementale et communale, qui assistait à la séance.

« Le projet primitif, en reconnaissant le Grand Orient de France tel qu’il était défini dans quatre articles de la Constitution maçonnique, entendait limiter la reconnaissance à l’autorité maçonnique centrale, et exceptait expressément les Loges et les Ateliers de son obédience. Depuis, l’Association a produit des Statuts qui, sous le nom de Grand Orient de France, définissent l’Association maçonnique tout entière ; le projet de décret modifié approuve ces Statuts et reconnaît comme établissement d’utilité publique le Grand Orient de France tel que ces Statuts le définissent. Le deuxième alinéa du projet primitif, qui exceptait les Loges et les Ateliers, a été supprimé et remplacé par une disposition portant qu’à l’avenir aucun Atelier ne pourra être créé sans que le gouvernement en soit averti.

« Enfin la section a apporté à la formule ordinaire des décrets de cette nature une modification ayant pour but de préciser que la reconnaissance n’est accordée à l’Association maçonnique qu’à titre de société de bienfaisance. »

Quand j’eus terminé mon rapport, M. Baroche annonça, à ma grande surprise, que la délibération serait remise à une autre séance. Je pensai d’abord qu’il ajournait la discussion par égard pour plusieurs membres du Conseil, tels que MM. Cornudet et Flandin, qui, absens à cause des vacances de Pâques, avaient exprimé le désir que l’on attendît leur retour. Mais alors, pourquoi m’avait-il donné la parole ? Je me demandai plus tard s’il n’y avait pas eu, en dehors de ce motif apparent, quelque autre raison que j’ignorais, qui aurait surgi, pendant la séance