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en dehors des traditions courtoises et amicales du Conseil. Enfin, plusieurs conseillers d’État, membres de la section de l’Intérieur, qui s’étaient trouvés absens le jour de la discussion, et notamment M. de Bussières, protestèrent que, s’ils eussent été présens, le rapporteur eût été soutenu ; ils demandèrent que le projet ne fût pas discuté en leur absence par l’assemblée générale. Aussi l’affaire, quoique tout de suite inscrite à l’ordre du jour, resta-t-elle plusieurs semaines sans être appelée.

Pendant cet intervalle, M. Baroche me fit demander. Il m’expliqua qu’il fallait que le décret fût adopté. Il m’en donna les raisons ; raisons politiques, et raisons personnelles au Maréchal, qui ne voulait pas échouer dans le premier acte de sa présidence. Je me permis de lui répondre que, sans méconnaître la gravité des considérations qu’il m’exposait, je persisterais à combattre le projet. J’ajoutai que je ne me faisais aucune illusion sur le résultat de ma résistance ; mais je tenais à dégager ma responsabilité en indiquant mon avis, et, tout en présentant aussi consciencieusement que possible les motifs de la section, je ferais connaître en quelques mots mon opinion personnelle. Pour être plus sûr de ce que je dirais, j’écrirais mon rapport.

Le jour arriva enfin où la parole me fut donnée pour exposer l’affaire. Ainsi que je l’avais annoncé à M. Baroche, mes notes étaient assez complètes pour que je fusse assuré de dire tout ce que je tenais à dire, et de ne pas m’égarer en disant autre chose ou en le disant autrement que je ne l’avais médité.

Ce sont ces notes que, depuis, j’ai communiquées à M. Cornudet et à M. Flandin, qui n’assistaient pas à la séance de l’assemblée générale. Je ne comprends pas, en les revoyant, comment ces Messieurs ont pu parvenir à les déchiffrer, tant elles sont informes pour tout autre que pour celui qui les avait griffonnées et couvertes de ratures. Ce sont elles que je vais transcrire, non sans avoir eu moi-même quelque peine à les relire après plus de trente années écoulées.

« Messieurs, M. le maréchal Magnan, nommé par décret impérial du 11 janvier 1862 Grand Maître de l’Ordre maçonnique en France, a adressé à M. le ministre de l’Intérieur, avec l’adhésion du Conseil de l’Ordre maçonnique, une demande par laquelle il sollicite pour le Grand Orient de France la reconnaissance comme établissement d’utilité publique.

« Dans cette demande et dans une note présentée par lui à