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1847, W. Hooker put étudier la plante et la caractériser sous le nom d’Isonandra gutta. D’autres espèces voisines furent ensuite reconnues.

Ce qu’il y a de remarquable, c’est que toutes ou presque toutes appartiennent à la même famille des Sapolacées et à deux genres voisins, les Payena et les Palaquium. Au contraire, en ce qui concerne les plantes à caoutchouc, on en a signalé un nombre considérable, de familles très diverses.

Ce qui a assuré le succès de la gutta, c’est sa miraculeuse appropriation aux usages électriques et particulièrement à la fabrication des câbles sous-marins. Tandis, en effet, que la gutta s’altère par oxydation à l’air libre, et devient friable et cassante, elle conserve, au contraire, parfaitement ses propriétés lorsqu’elle est immergée dans l’eau, et particulièrement dans l’eau de mer. Elle y reste, après des années, telle qu’au premier jour, avec sa souplesse, sa plasticité et ses autres qualités. La plus essentielle de ces propriétés, c’est son pouvoir isolant à peu près parfait. Elle constitue le diélectrique par excellence. Faraday, dès son apparition, avait signalé cette particularité remarquable.

L’industrie des câbles, qui se développe chaque jour et qui consomme des quantités considérables de gutta, est absolument liée à l’exploitation de cette substance qu’aucune autre ne peut remplacer. Ce que le cyclisme et l’automobilisme ont été pour le caoutchouc, l’industrie des câbles marins l’a été pour la gutta. Et ses progrès expliquent les besoins croissans de cette substance.


>VI

A l’exception de quelques centaines de tonnes de pseudo-guttas, telles que la gutta-balata des Guyanes, toute la production est concentrée dans les Indes néerlandaises et presque toute l’exportation se fait par le port de Singapour. Depuis l’année 1844, dont on peut évaluer le rendement à 100 kilos, le mouvement commercial de cette matière a pris un développement extraordinaire. En 1854, l’exportation malaise dépasse 600 tonnes ; en 1864, 1 800 tonnes ; en 1882, 3 800 tonnes ; en 1890, 45 000 tonnes.

De même que pour le caoutchouc, la production, malgré cette très rapide progression, ne suffit pas à la demande. Les prix s’élèvent d’une manière continue. De 1876 à 1882, la valeur a