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pièce et constituent un article unique à paroi parfaitement lisse et continue. Les orties appartiennent à ce type, et avec elles, précisément, les familles végétales dont font partie les plantes à caoutchouc, c’est-à-dire les Euphorbiacées, les Artocarpées, les Apocynées et les Asclépiadées. Ces laticifères continus, lorsqu’ils viennent à être rompus en quelque point, laissent échapper le suc qu’ils contiennent dans toute leur étendue. Celle circonstance rend facile la récolte du latex caoutchouc, au moyen d’un petit nombre d’incisions.

Laissons les botanistes discuter la question de savoir si ces deux types de laticifères, l’articulé et le continu, sont exclusifs l’un de l’autre ; s’ils ont une origine distincte dans les tissus primaires ; si, comme le veulent Pax et H. Scott, le vaisseau continu dérive de Particule par résorption des cloisons et fusionnement des cellules, ou si, au contraire, comme le pense M. Chauvaud, c’est le tube continu qui se cloisonne ultérieurement. Il est seulement utile de noter que ces vaisseaux laticifères, abondans à la surface et dans la profondeur de l’écorce, existent encore dans les autres parties de la plante, dans les rayons médullaires, dans la moelle et surtout dans les feuilles, autres sources de latex, ordinairement négligées.

La comparaison du lait végétal avec le lait animal éclaire encore le mode de formai ion du caoutchouc et de la gutta. Le lait véritable, abandonné à lui-même, ou soumis à l’action des acides, de certains fermens et de substances diverses, se coagule ; un caillot solide se sépare du sérum ou petit-lait, et le caillot, caseum ou vulgairement fromage, est, en quelque sorte, un corps nouveau, que l’on ne saurait considérer comme un simple produit d’évaporation du lait. De même en est-il pour le latex végétal. Le caoutchouc et la gutta se forment par coagulation ; ce sont des caillots séparés d’un sérum. Si, comme cela se pratique à Bahia et au Nicaragua, on ajoute au suc laiteux sortant de l’écorce un égal volume d’eau, on ne tarde pas à voir le caillot de caoutchouc qui vient surnager à la surface.

Bien des agens sont employés pour hâter cette coagulation spontanée : on s’est servi de l’alun, à Pernambouc ; à Maranhao et à Madagascar, on a eu recours à l’acide sulfurique et à d’autres acides ; au Congo et à Mozambique, on asperge la blessure de l’écorce avec de l’eau salée ou de l’eau de mer. Le tamarin, le