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exportées ont plus que doublé en moins de cinq ans. En 1882, la récolte était d’environ 9 000 tonnes[1] ; en 1887, elle était de 13 000 ; en 1891, de 18 000 ; en 1896, elle atteignait 22 216 tonnes. La progression est encore plus marquée du côté de l’Inde, de la Malaisie, de l’Afrique où cette exploitation se crée et grand il sous nos yeux. Et cela ne suffit point encore. Les besoins croissent plus vite que la production : les prix s’élèvent.

De tous côtés l’on s’applique à accroître le rendement de cette précieuse matière. Des missions botaniques recherchent, dans les pays qui se prêtent au développement de ces végétaux, toutes les espèces nouvelles qui peuvent en fournir et les espèces connues qui sont susceptibles d’y être acclimatées. On s’efforce de créer des cultures. On se préoccupe d’améliorer les procédés d’extraction. Des sociétés et des compagnies coloniales se fondent, en vue d’utiliser les indications des savans et des techniciens : l’India Rubber of Mexico pour le Mexique ; la Mexican Gulf agricultural C° pour l’isthme de Tehuantepec ; la Columbian India Rubber Exploration C° pour la Bolivie ; la Colonial Rubber Estates pour l’Afrique occidentale. Les gouvernemens encouragent et stimulent l’initiative privée. Le gouvernement de Guatemala donne en prime de vastes étendues des terres nationales pour les plantations du caoutchoutier mexicain (Castilloa elastic) ; le Nicaragua interdit l’exportation des plants sauvages. Le gouvernement français accepte, au Sénégal et au Soudan, le payement de l’impôt en caoutchouc ; il favorise les plantations aux Antilles et à Madagascar.

Ce mouvement, pour être efficace, a besoin de s’appuyer sur des notions scientifiques que les botanistes surtout sont en état de recueillir et de répandre. Une institution fort utile, celle des Musées et des Jardins coloniaux, dont il existe à l’étranger quelques modèles parfaits, est en train de se développer chez nous. L’Institut colonial de Marseille, dirigé par le docteur Heckel, a déjà rendu de grands services et en rendra de plus grands encore. Des hommes distingués, parmi lesquels il faut citer au premier rang M. H. Jumelle, et avec lui MM. Pierre, Chalot, J. de Cordemoy, P. Grelot, se sont livrés à des études pleines d’intérêt au point de vue théorique, et qui peuvent être fort avantageuses pour le développement commercial de nos colonies.

  1. Exactement 9 753.