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QUESTIONS SCIENTIFIQUES

LE CAOUTCHOUC
ET
LE GUTTA-PERCHA


Les plantes à caoutchouc et à gutta dans les colonies françaises, par Henri Jumelle ; Paris, 1898. — Origine botanique des caoutchoucs et gutta-percha, par Paul Grelot ; Nancy, 1899. — Les arbres à gutta-percha : leur culture, par H. Lecomte ; Paris, 1899. — Revue des Sciences, Revue Scientifique, Revue de Botanique ; passim.


I

La gomme élastique, que les Indiens de Quito appelaient cauchuc ou caoutchouc, n’a été comme en Europe qu’au milieu du XVIIIe siècle. Le célèbre savant et voyageur Ch. de La Condamine, envoyé en 1736 au Pérou avec Bouguer et Godin pour y mesurer un arc de méridien et déterminer la figure de la Terre, fit parvenir, quelque temps après, à l’Académie des Sciences des morceaux « d’une substance noirâtre et résineuse » qui n’était autre chose qu’un échantillon de caoutchouc. Les habitans en faisaient des torches qui brûlaient fort bien sans mèche et en jetant une clarté assez belle. Les indigènes Maïnas et Omagas, qui récoltaient cette espèce de gomme sur les bords de l’Amazone, s’en servaient pour fabriquer des bouteilles légères, « capables de contenir toutes sortes de liquides non corrosifs. » En moulant la substance sur des formes d’argile qu’ils brisaient ensuite, ils formaient des gourdes, des récipiens à goulot en