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matinée, à cause d’un brouillard très épais qui n’a cessé qu’à dix heures. L’ennemi très en force nous resserre beaucoup sous la place, et déjà quelques-uns de ses obus y sont arrivés du côté de la tête du pont du Necker. J’envoie un courrier sur le Haut-Rhin pour faire descendre des forces de ce côté-ci et empêcher l’ennemi de passer le Rhin pour cerner la place sur la rive gauche, ce qu’il pourrait peut-être tenter. Nous sommes fort embarrassés pour l’artillerie et les munitions, n’ayant pas de chevaux. »

Finalement, il fallut céder le terrain à des forces supérieures et se réfugier sous Mannheim. Pour Pichegru comme pour Jourdan, le déplorable service de l’artillerie et des munitions « Hait la cause de l’échec. En en rendant compte au Comité, le commandant de l’armée de Rhin-et-Moselle proposait, « pour parer à de plus grands désavantages, de détacher des troupes de Jourdan, qui n’a qu’à garder la défensive, de quoi fortifier la défense de Mannheim que l’ennemi cherche à prendre ou à brûler. » Il renonçait aussi à s’emparer de Kehl, trop bien défendu par Wurmser, et rappelait les troupes qui s’y trouvaient déjà afin de se rendre plus fort à Mannheim.

De cette même idée de défendre les positions qu’il occupe, s’inspire sa réponse à Jourdan, écrite le 18 octobre, sous le feu de l’ennemi : « Comme il n’y a pas d’apparence que l’ennemi entreprenne de te suivre et dépasser le Rhin ; qu’en conséquence, tu pourras parfaitement tenir la défensive, ne penseras-tu pas qu’il serait nécessaire de venir me renforcer sur l’une et l’autre de ces positions ou au moins de remplacer une partie de nos divisions devant Mannheim, qui va devenir le point de convoitise de l’ennemi ? Je vais écrire à ce sujet au gouvernement. Mais, comme cela demandera du temps, je te prie, si tu partages mon avis, de prendre de suite des mesures en conséquence. »

Le jour suivant, il revient à la charge : « Notre affaire d’hier a duré toute la journée, mon camarade ; elle a été très meurtrière de part et d’autre. Nos troupes se sont très bien battues. Mais il a fallu céder au nombre et nous resserrer sur la place, après avoir été forcés dans les villages de Neckerau, de Fudenheim, etc., etc. Cette circonstance rend plus urgens les secours que je t’ai demandés pour résister aux efforts que l’ennemi ne manquera pas de faire de ce côté-ci et sur Mayence. Je te renouvelle donc mes sollicitations à ce sujet, en te priant de