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en tous pays doivent être encouragées. C’est l’agriculture qui peut donner à l’Angleterre la solution de deux grands problèmes, la dépopulation des campagnes et l’emploi d’un million de femmes en trop. Le premier de ces problèmes s’impose un peu partout ; on le résoudrait en inspirant aux femmes le goût de la terre, en leur apprenant à la cultiver et à en tirer, comme auxiliaires intelligentes de l’homme, ce qui est nécessaire à la vie. Les écoles ambulantes, avec accompagnement de conférences, font merveille en Belgique : leur organisation, leur fonctionnement ont été longuement expliqués au Congrès. Il faut que les femmes, pour quelque profession que ce soit, ne se bornent plus à des qualités purement instinctives, mais qu’elles s’y préparent, comme font les hommes. À cette fin, lady Warwick a fondé un home admirable. Le collège de Reading, avec son vaste département d’agriculture subventionné par le ministère, est tout près ; il fournit l’éducation scientifique et théorique aux étudiantes, sans préjudice des travaux pratiques dans deux groupes principaux entre lesquels l’enseignement est divisé : l’horticulture et la laiterie, plus la basse-cour et l’élevage des abeilles. A sa sortie du Lady Warwick’s hostel, l’étudiante, si elle a satisfait aux examens, reçoit un certificat délivré par les comités réunis d’Oxford et de Reading. Des filles bien élevées ont déjà choisi cette voie, qui n’a rien d’incompatible, tout au contraire, avec la vie de famille.

Dans certaines colonies anglaises les femmes prennent sur elles les travaux les moins lourds de l’agriculture ; celles de la Nouvelle-Galles forment une association industrielle pour l’élevage des vers à soie ; celles de la Nouvelle-Zélande contribuent à l’élevage si productif des autruches. Le collège de Swanley (Kent) a déjà répandu dans le Royaume-Uni des jardinières habiles, sans compter celles qui occupent le rang de professeurs dans diverses institutions, où l’on prélude aux besognes rustiques par la géométrie, la géologie, la chimie, la botanique, le dessin à main levée. L’art de jardinière-paysagiste surgit en Amérique, tandis que commencent à s’ouvrir aux hommes des écoles forestières dont l’absence était déplorable. En Californie, le pays du monde qui donne le plus de fruits, beaucoup de femmes exploitent les vergers immenses dont elles sont propriétaires ; le produit, par tonnes, de ces forêts d’arbres fruitiers, chargent des navires. Il va de soi que les jardinières, maraîchères, etc.,