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éducation, gouvernement de soi-même, » pourrait être leur devise. À Londres, la classe élevée, s’y intéresse tout particulièrement ; ils empêchent les mariages précoces, qui, dans le peuple anglais, sont une source de misère. Au lieu des fréquentations du soir dont le moindre péril est de les conduire à se mettre en ménage presque enfans et sans le sou, les jeunes filles, dès l’âge de quatorze ou quinze ans, trouvent au club des classes d’histoire, des lectures et d’honnêtes récréations de toute sorte.

Les patronnes du club organisent pour leurs protégées des excursions aux divers monumens ou dans les musées, leur font faire de petits voyages, les invitent chez elles à la campagne par groupes. Si l’on considère les conditions de la vie du peuple à Londres, l’horreur des étroits logemens, où parens, enfans, frères et sœurs vivent pêle-mêle, au milieu des pires habitudes d’ivrognerie, on jugera que le cercle où ces jeunes filles sont reçues, instruites, amusées est un bienfait.

En Amérique, sous l’influence surtout de miss Grace Dodge à New-York, les clubs d’ouvrières, réunis en une ligne générale, tendent à se gouverner et à se soutenir eux-mêmes au lieu d’être dans la main, pour ainsi dire, des classes dirigeantes. Comme à Londres, ils admettent des personnes de toute race et de toute religion ; mais le club ne s’organise que sur la proposition d’un premier groupe des membres, qui nomme son comité ; chaque membre a sa part de responsabilité dans les dépenses et le succès de l’entreprise. Souvent le club renferme des classes de cuisine, de ménage, de couture, de sténographie, de gymnastique, de littérature, les écoles municipales prêtant leur concours ; en fait de plaisirs, il y a des conférences, des jeux, un peu de musique et même de danse ; en ce dernier cas, les jeunes gens de l’autre sexe sont quelquefois admis.

Aux clubs de jeunes ouvrières se rattachent des clubs de petites filles depuis douze ans, et des clubs pour les ouvrières mariées qui viennent discuter entre elles des questions d’économie pratique ou d’hygiène pour leurs enfans.

La ligue compte aujourd’hui cinq associations et 86 clubs : plus de 7 000 membres, Encore n’embrasse-t-elle que les États de l’Est, les clubs d’ouvrières, qui se multiplient dans l’Ouest, le Centre et le Sud n’y étant pas entrés jusqu’ici.

Il n’y a guère de club qui ne fasse corps avec les sociétés de tempérance : la grosse question de la tempérance se mêle à