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le combat sous toutes les formes ; mais c’est surtout sous la forme catholique qu’il le poursuit de ses foudres oratoires, d’ailleurs sonores et retentissantes. Avec lui, on est fixé tout de suite. Disperser les congrégations religieuses, c’est misère en vérité ! Allons plus loin, car l’esprit humain ne saurait se déployer à l’aise que dans un ciel absolument désert. Supprimons toutes les religions, et la religion catholique la première, comme étant celle qui nous gêne le plus. Les orateurs catholiques qui ont parlé ensuite, M. Piou et M. de Mun, ont su gré à M. Viviani de la parfaite franchise avec laquelle il avait posé la question. Ainsi donc, ce n’est pas un prétendu danger pour la République qu’on entend combattre et conjurer ; c’est d’une opinion qu’il s’agit ; on veut la faire triompher sur une autre et, pour cela, tous les moyens sont bons. Mais de quel droit l’État moderne, qui a cessé d’avoir une croyance religieuse et de l’imposer, aurait-il une opinion philosophique et l’imposerait-il ? Qu’est-il pour cela, et qu’est sa doctrine, toujours mobile, variable, incertaine, successive et contradictoire, c’est-à-dire participant à sa propre nature ? M. de Mun a tiré un merveilleux effet de l’argument qu’on lui offrait. Au reste, son discours est à lire tout entier. A la fougue d’autrefois a succédé chez lui, avec l’âge, une manière plus grave et plus ferme ; un accent moins impétueux peut-être, mais plus pénétrant ; quelque chose de sobre et de fort dont la Chambre a été touchée. Cela ne l’a d’ailleurs pas empêchée d’ordonner l’affichage du discours que M. Waldeck-Rousseau a prononcé ensuite, ce qui suffirait à montrer, si on n’en avait pas eu déjà l’intuition, qu’elle est résolue à voter In projet de loi. Ce n’est pas la réponse de M. Ribot à M. le président du Conseil qui l’arrêtera, et pourtant il est arrivé rarement à M. Ribot, dans sa carrière parlementaire, d’être mieux inspiré qu’il ne l’a été en combattant le projet de loi. Il a parlé en jurisconsulte et encore plus en politique : on ne lui a rien répliqué. Au surplus, à quoi bon parler encore quand les opinions sont faites ? MM. Lerolle et Puech l’on fait pourtant, et avec beaucoup de verve et de chaleur. M. Puech est un radical avancé, mais d’une espèce devenue rare. M. Puech est resté libéral. M. Puech veut le droit commun pour tout le monde, même pour ses adversaires. On ne lui a pas répondu plus qu’à M. Ribot ; on s’est contenté de lui faire sentir qu’on le considérait comme un traître à la République, et pourquoi ? parce qu’il continue de professer les doctrines que tous les chefs et tous les principaux orateurs du parti républicain avaient professées jusqu’ici. M. Brisson seul fait exception. S’il n’a peut-être pas soutenu toujours, il soutient