Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 1.djvu/662

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ancienne que l’origine. Le lieutenant fera aux recrues toutes sortes de bonnes compositions. »

Un sujet pieux, occupe le haut d’une affiche paroissiale (1719), défendant aux hommes de se présenter à l’église en tabliers ou les cheveux en papillotes, et surtout d’y mener des chiens que « le Saint-Esprit, dans l’Apocalypse, ordonne expressément de chasser de la maison de Dieu. » On possède quelques affiches théâtrales de Moreau le jeune, échappées à la destruction inévitable de ces papiers qui, non seulement étaient lavés par les pluies, mais vendus souvent en fraude, par les afficheurs, aux épiciers et aux « beurriers. »

Toutes ces gravures étaient en noir. Les premières illustrations coloriées parurent, au début du règne de Louis-Philippe, sur les romans dits « de cabinets de lecture : » — Comment meurent les femmes, Marthe la Livonienne, les Rêveries d’un étameur. — En 1860, d’autres commerces adoptèrent le procédé : L’ami du cuir, brillant, français fixe, montra comment l’on remplaçait son miroir par ses bottes ; divers « salons épilatoires » s’exhibèrent dans le feu de l’action et un marchand de combustible demanda au crayon de Daumier : « Le charbonnier et la bonne. » Mais « l’art mural » n’avait pas trouvé sa voie.

Son créateur futur. Jules Chéret, était alors absent de France. Les deux frères Chéret, Jules et Joseph, — ce dernier entré plus tard chez Carrier-Belleuse dont il devint le gendre, — n’avaient reçu aucune éducation artistique. La rue, les vitrines des marchands de tableaux et les musées, le dimanche, furent leur seule école. Ils habitaient en commun une chambre meublée d’un petit lit, où chacun couchait à son tour pendant que l’autre se contentait du plancher. Jules apprenait chez un lithographe, à faire, « à main levée, » sur des têtes de facture, la lettre bâtarde ou coulée, ronde ou gothique, ainsi que les caractères d’imprimerie, depuis le gros parangon jusqu’à la perle. Il dessina au « pistolet » sur des fonds au pointillé, passa aux armoiries de souverains, aux vues de magasins dans des perspectives flatteuses et finit par les attributs délicats, soutenus par des amours, pour des boîtes à bonbons ou des dentifrices.

Un parfumeur anglais, qu’il appelle son bienfaiteur, se l’étant attaché pour décorer ses flacons, Chéret avait aussi abordé, à Londres, l’illustration des titres de romances. Rentré à Paris aux environs de sa trentième année, en 1866, il s’essaya dans