nistère n’est pas encore sur le point d’être renversé. On a vu seulement sur quelles bases il reposait.
Au point de vue parlementaire, la session se rouvre dans des conditions assez nouvelles. Pour la première fois depuis longtemps, la Chambre est débarrassée du budget à cette époque de l’année. Sans doute il n’est pas encore voté ; nous avons déjà un douzième provisoire et peut-être en aurons-nous deux ; mais la discussion est, pour le moment, épuisée au Palais-Bourbon. Lorsque, du Luxembourg, le budget y reviendra, la Chambre lui consacrera encore un peu de son temps, mais pas beaucoup : il sera comme un intermède, qui interrompra à peine le travail entamé. Quel sera ce travail ?
On a promis au pays beaucoup de réformes, et, jusqu’ici, on n’en a fait absolument aucune. Le budget remplissant toute l’année, le temps matériel manquait pour autre chose. On peut discuter pour savoir si cela n’était pas préférable : quoi qu’il en soit, la Chambre a aujourd’hui du temps disponible, et nous allons voir à quoi elle l’emploiera. En ouvrant sa session, elle n’a eu que l’embarras du choix. Si jamais le labeur parlementaire n’a été moins productif, jamais non plus on n’avait accumulé un aussi grand nombre de projets, — et nous parlons seulement de ceux qui sont dus à l’initiative gouvernementale : — il faudrait vingt ans pour liquider le stock qui provient de l’initiative individuelle. — On a pu croire assez longtemps qu’il y avait d’autant moins d’inconvéniens à entasser ainsi projets sur projets, qu’il serait probablement impossible d’en aborder aucun. Mais la hâte inusitée avec laquelle la Chambre a bâclé le dernier budget, sans y regarder de très près, lui a fait des loisirs, et il faut qu’elle les remplisse. Si on laisse de côté, pour le moment, les projets de loi de moindre importance, on peut diviser les autres en deux catégories, suivant qu’ils se rapportent à des questions sociales, ou à des questions religieuses et scolaires : ces dernières sont, en fait, étroitement confondues. Le ministère a déposé, d’une part, des projets de loi sur les retraites ouvrières, sur l’arbitrage obligatoire, sur la grève également obligatoire lorsqu’elle aura été résolue par la majorité des ouvriers ; et, de l’autre, des projets sur le droit d’association et le stage scolaire. Par quoi commencera-t-on ? Le gouvernement a demandé que ce fût par la loi sur les associations, et la Chambre s’est empressée d’y acquiescer. Mais ceux qui en concluraient que M. le président du Conseil jouit sur elle d’une grande autorité ont eu bientôt de quoi se détromper. Nous allons avoir à parler de la lettre que le Saint-Père a écrite au cardinal-archevêque de Paris : un socialiste a