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les monarchies, plus durement que la République, ont épuisé les mesures de défiance et de sévérité. Et l’on peut juger à l’heure présente, par l’audace de leur action, par le développement des constructions conventuelles qu’elles ont élevées sur tous les points du territoire, par les évaluations statistiques de leurs richesses, du degré de puissance que leur vaut l’exploitation d’un tel monopole. »

Il semble bien que l’on doive être désormais fixé sur les véritables griefs formulés contre les congrégations ; ils peuvent se résumer ainsi :

Elles exercent une action politique, interviennent dans les affaires publiques et dans les luttes des partis avec une audace encore sans exemple, et sont ainsi un danger permanent pour l’indépendance et la prospérité des États :

Par leur puissance financière, leur richesse mobilière et immobilière, elles constituent plus que jamais un péril économique et social.

C’est ce péril que les républicains, le parti républicain, veulent faire disparaître par une législation qui ramène les associations religieuses au rôle qu’elles doivent exercer.

Si le péril est vraiment tel qu’on le dit, si le feu est ainsi à la grande maison, ces n’est pas seulement le parti républicain, c’est tout le monde qui voudra concourir à l’éteindre. En tout cas, on est en droit de tenir en défiance les lois faites au nom d’un parti, des intérêts, sinon des passions d’un parti ; ces lois-là sont des lois de guerre et de combat, non des lois de justice ; celles qu’on respecte et, qui demeurent sont celles qui, tenant compte de tous les droits, s’efforcent de n’en léser aucun, et si jamais il fut une matière exigeant du législateur la longue et claire vue qui ne néglige rien, la sûreté de main qui froidement pèse et mesure, c’est bien la matière de l’association, qui touche à tant de personnes et à tant de choses.

Et puis, « parti républicain » est vite dit ; c’est là un bloc qui comprend bien des fragmens n’ayant entre eux qu’une apparente cohésion. Il est de ces fragmens qui ne disent à certains républicains rien qui vaille, tandis que, pour certains autres, ils sont le monument tout entier, fonde ruent, façade et couverture. Parmi les hommes qui considèrent la République comme une forme de gouvernement nécessaire, — ils sont beaucoup plus nombreux qu’on ne pense, et ils le seraient bien davantage encore sans