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jusqu’en 1900, ils n’avaient pour ainsi dire pas emprunté : la dernière émission de rentes consolidées date presque d’un demi-siècle. C’est donc l’impôt qui a alimenté, pour la plus grande part, les chapitres grossis des budgets. En dehors de l’économie réalisée, sur le service de la dette, par les conversions de rentes et par les rachats de titres au moyen de divers fonds d’amortissement, de l’augmentation du produit net des postes et télégraphes, de l’accroissement de revenu fourni par les actions du canal de Suez, si habilement et opportunément achetées en 1875 par lord Beaconsfield, les ressources avaient été fournies par une surcharge des impôts existans, notamment de celui sur le revenu, qui avait varié de 2 à 8 pence par livre (0,85 à 3 un tiers pour 100) jusqu’à l’année actuelle, par certains relèvemens de taxes indirectes, sur le tabac, la bière, l’alcool, et enfin, par l’établissement, en 1894, d’une nouvelle législation sur les successions, qui a considérablement augmenté les droits sur les héritages. Cette politique financière avait été d’autant plus remarquable qu’elle n’avait pas empêché le dégrèvement d’un certain nombre de matières de première nécessité, la suppression des droits de douane sur plusieurs objets d’alimentation et une réduction notable de la dette publique, dont nous avons ici même retracé l’éloquente histoire[1]. Le service des intérêts de la dette consolidée ne figurait, au budget 1898-99, que pour un peu plus de 400 millions de francs, et le produit des douanes n’y était, évalué qu’à 520 millions, chiffre sensiblement égal à celui des années précédentes ; celui de l’intérêt de la dette était inférieur de 125 millions à la somme portée pour le même objet au budget de 1882. En vingt ans, le revenu des douanes s’était à peine élevé de 30 millions, celui de l’accise était resté stationnaire, ou du moins, était à peu près revenu à son point de départ, après des oscillations en sens contraire.

Les diverses mesures auxquelles le gouvernement anglais a eu recours pour subvenir aux besoins de la guerre sont de deux ordres : emprunts et impôts. Nous devrions dire de trois ordres, car il a aussi pris sur les ressources du fonds consolidé une somme importante, destinée à amortir la dette ; et cette suppression d’un amortissement, que depuis nombre d’années, le Parlement s’était plu à considérer comme un devoir régulier des gérans de la

  1. Voyez, dans la Revue du 15 septembre 1898, notre étude sur la Dette anglaise.