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bonne part des frais de la campagne. De son côté, sir Robert Giffen prévoit une augmentation considérable du budget ordinaire de la guerre pour le Royaume-Uni, qu’il ne craint pas de fixer à un milliard de francs pour l’avenir : il demande d’ores et déjà, que l’année soit doublée, que la paie des troupes soit augmentée. Enumérant les périls qui menacent, selon lui, l’Angleterre ; et dont il trouve la preuve dans les sentimens de réprobation qu’a provoqués en Europe et en Amérique la campagne actuelle, il estime que Je budget de la marine, lui aussi, devra être doté de nouvelles sommes, en dépit du formidable développement qu’il a reçu depuis peu d’années ; il ne croit pas que le total de ce budget reste beaucoup en deçà de celui de l’armée, si bien qu’il prononce le chiffre de 2 milliards de francs comme celui qu’atteindront dans l’avenir les dépenses militaires annuelles de la Grande-Bretagne. Il avoue du reste que cette organisation défensive, rendue nécessaire, à ses yeux, par la puissance des autres Etats, sera une tâche herculéenne : nous sommes d’accord avec lui à cet égard ; car ni l’Allemagne, avec ses 60 millions d’habitans, ni la Russie, qui en compte 130 millions, ni la France, dont la population est à peu près égale à celle du Royaume-Uni, n’oseraient demander à leur budget ordinaire, pour la défense nationale, des ressources qui approchent de cette effroyable couple de milliards, somme à peu près égide au total du budget anglais d’il y a vingt ans.

Pour l’année 1900, nous avons inscrit aux dépenses de la guerre et de la marine 1 023 millions de francs ; l’Allemagne, l’an dernier, en prévoyait 962 tant à l’ordinaire qu’à l’extraordinaire ; la Russie, en 1900, ne comptait dépenser, pour ces deux départemens, que 1 093 millions de francs. La guerre de Chine exigera des crédits supplémentaires considérables, surtout chez ces deux dernières puissances : mais, même en les ajoutant aux totaux qui précèdent, elles resteront bien en deçà des 80 millions de livres sterling, c’est-à-dire des 2 milliards de francs annoncés aux Anglais comme don de joyeux avènement après l’annexion des doux Républiques boers.


III

Au moyen de quelles ressources les Anglais ont-ils fait face à ce flot montant de dépenses ? Depuis la guerre de Crimée