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Notre but précis étant de rechercher l’influence de la guerre transvaalienne, bornons-nous à considérer les chiffres de l’exercice 1899-1900, exposés et commentés par sir Michael Hicks Beach, chancelier de l’Echiquier, dans son discours-budget (budget speech) du mois d’avril 1899, quelque temps avant la conférence de Bloemfontein, où le président Krüger et sir Alfred Milner, haut commissaire de la Reine dans l’Afrique du Sud, devaient se rencontrer et ne point s’entendre. Le chancelier prévoyait alors 515 millions de crédits pour la guerre et 665 pour la marine, soif une charge militaire de 1 180 millions, représentant 42 et demi pour 100 des dépenses totales, qui se montaient à 2 775 millions. Dans ce dernier chiffre était comprise une somme de 650 millions, soit environ le quart du budget, qui s’applique ; au service d’intérêt et d’amortissement de la dette, a la liste civile, à certains traitemens judiciaires et pensions, et qui, une fois inscrit au passif de la nation, est soustrait au vote annuel du Parlement, lequel reste toutefois maître de le modifier par des décisions ultérieures ; c’est ce qu’on nomme le fonds consolidé. Si nous l’ajoutons aux services civils (550 millions), nous arrivons à un total de 1 200 millions, presque identique à celui des dépenses militaires. Les 395 millions restans s’appliquent aux dépenses des services postaux et télégraphiques, et du recouvrement des impôts.

Les recettes effectives de l’année 1899-1900 ont atteint 3 milliards de francs, soit 225 millions de plus que les estimations : cet excédent a été dû en partie au fait que les droits sur certaines marchandises en entrepôt ont été acquittés en toute hâte avant l’ouverture de l’année financière nouvelle, au début de laquelle des augmentations de taxes devaient entrer en vigueur. Les liqueurs alcooliques, dont toute guerre développe la consommation, ont apporté aussi leur contingent à ce supplément de recettes, qui ne suffit d’ailleurs pas à mettre en équilibre l’exercice clos au 31 mars 1900, car les dépenses en atteignirent 3 350 millions. Celles de l’année suivante étaient estimées à 4 125 millions, dont la guerre et la marine absorbaient 2 225 millions, c’est-à-dire une somme presque égale au total du budget anglais de 1894-1895, déduction faite des dépenses locales. Une revue financière de Londres[1] calculait que, du 31 mars 1894 au 31 mars 1901,

  1. The Investor’s Review.