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des difficultés, qui ne peuvent manquer de survenir, lorsque la nonciature, informée seulement des décisions lorsqu’elles sont déjà officielles, peut se trouver dans l’obligation d’envoyer à Rome des informations défavorables sur le compte du candidat, ou de faire connaître certaines circonstances qui rendent impossible au Souverain Pontife de lui conférer l’institution canonique. »

Telles furent les déclarations du Saint-Père, que je m’empressai de transmettre à Paris, et qui y furent, je crois, franchement acceptées par le ministère des Cultes, car elles sont de nature, à sauvegarder au même degré les droits de l’Église, ceux de l’État et les intérêts particuliers des candidats proposés pour la dignité épiscopale. Il me paraît impossible d’y rien changer, aussi longtemps que les deux pouvoirs désireront vivre en bonne intelligence ! vi -à-vis l’un de l’autre, c’est-à-dire par de mutuelles concessions. La question n’est pas nouvelle, puisqu’elle date de la querelle des investitures et du Concordat de Worms, il y a quelque huit siècles. Ce sera l’honneur de Léon XIII de l’avoir, à mon avis, sinon tranchée, — elle l’était déjà en principe par le Concordat de 1801, — du moins élucidée et mise en pratique dans l’intérêt de tous, de la façon la plus satisfaisante.

Du reste la pratique de l’entente préalable est constamment suivie, sous une forme ou sous une autre, par toutes les puissances étrangères qui ont un concordat avec le Saint-Siège et des dispositions similaires au sujet de la nomination des évêques.

Cette audience fut une des dernières que j’obtins du Saint-Père, qui m’en accorda seize pendant le cours de mon ambassade. Le 29 décembre, je reçus un télégramme de M. Waddington m’annonçant qu’il quittait le ministère des Affaires étrangères et la présidence du Conseil. M. Léon Say l’accompagnait dans sa retraite. C’était la fraction modérée du ministère qui abandonnait le pouvoir et, dans la situation donnée, il était facile de prévoir que ce départ aurait un contre-coup direct sur nos affaires religieuses… l’appris, en effet, d’une source sûre, que le ministère nouveau, dont les deux personnages les plus marquais étaient M. de Freycinet, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, et M. Jules Ferry, auteur de l’article 7, avaient accepté de la majorité de la Chambre des députés la mission de dissoudre les congrégations et de demander l’assentiment du Saint-Siège à cette mesure arbitraire.

Il m’était impossible, comme je l’ai dit dans mon précédent