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remercié la noblesse romaine de son concours empressé, ajouta que des liens étroits, et anciens l’unissaient intimement au pontificat. Le Pape rappela que c’est à l’ombre de ce pontificat que sont nées et se sont illustrées les plus grandes familles patriciennes de Rome ; que chacune, dans la longue suite de ses ancêtres, était fière de compter de nombreux personnages qui, par leurs vertus, leur esprit, leur doctrine et leur valeur, avaient réalisé de grandes choses et obtenu, en retour, du pontife romain, des encouragemens et des largesses (larghezze) souveraines. Ce noble passé et des exemples récens donnaient au Saint-Père le droit d’espérer que les anciens liens de fidélité et d’union au Saint-Siège ne seraient jamais rompus.

Ce discours fit une assez grande impression sur la noblesse réunie auprès du Saint-Père. « Quel que soit l’avenir, écrivais-je à M. Waddington, il est certain que le pape Léon XIII est un noble lutteur et qu’on ne peut lui refuser, à quelque opinion qu’on appartienne, un tribut d’admiration sympathique ; et respectueuse pour le courage dont il fait preuve et la noblesse de son langage. On ne peut contester non plus qu’en Italie sa position ne soit aujourd’hui très grande et que le pontificat n’oblige amis et ennemis à compter avec lui. Il n’y a pas un jour où les journaux italiens ne soient occupés du Vatican et ne lui consacrent, comme articles de fond ou comme informations, une partie importante de leurs colonnes. C’est un spectacle très curieux et très instructif à la fois que cette préoccupation générale de ce que peut faire ou dire un pouvoir qui n’a pas un bataillon pour se défendre et à plus forte raison pour attaquer, mais dont l’autorité morale s’impose à tous, aussi bien en Italie qu’au dehors. »


III

En même temps que le Saint-Père recevait la noblesse romaine et les journalistes catholiques, on s’occupait activement au Vatican de la création des nouveaux cardinaux, qui furent officiellement proclamés dans les consistoires des 12 et 15 mai 1879. — L’usage, en effet, est que la remise officielle des chapeaux cardinalices aux titulaires nouveaux n’ait pas lieu le jour de leur préconisation, mais dans un consistoire ultérieur. C’est ce qui eut lieu. Mais la promotion fut bien plus considérable qu’on ne l’avait cru d’abord. Ce qui la caractérisa surtout, c’était d’être