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gouvernement de la République à présenter Mgr Pie, conjointement avec un autre archevêque ou évêque, pour satisfaire au désir que le Saint-Père voulait bien me manifester par son intermédiaire. Mgr Czacki me répondit qu’il croyait le Saint-Père disposé à nous donner ce septième chapeau de cardinal, à la condition, bien entendu, que Mgr Pie fût un des deux prélats proposés. La sympathie que Sa Sainteté éprouvait pour la France, l’estime qu’il avait pour notre corps épiscopal, donnaient quelques motifs de l’espérer. Il me demandait seulement de rendre compte au Pape de notre entretien, avant de me répondre définitivement.

Mgr Czacki vint me revoir quelques jours après et me dit que le Saint-Père avait bien voulu accepter ma proposition. Sa Sainteté mettait seulement pour condition que la concession du septième chapeau cardinalice ne constituerait pas un précédent pour l’avenir. Je répondis que je ne m’occupais que de la proposition présente, qui me paraissait également bonne pour l’Eglise de France et pour le gouvernement qui aurait l’honneur de la faire et de la voir agréer. Une fois le précédent établi, nous réserverions l’avenir.

Après cet entretien, je m’empressai d’en faire connaître la substance par un télégramme au ministre îles A Maires étrangères et j’y joignis une lettre particulière, où les considérations qui précèdent étaient développées. J’écrivis également par le même courrier au Maréchal-Président, à M. Dufaure et au ministre des Cultes, pour les disposer plus favorablement à la réponse qui me serait faite, lorsque M. Waddington saisirait le Conseil des ministres de la proposition du Saint-Siège. Dans mes lettres au Maréchal, à M. Waddington et à M. Dufaure, je rappelais que depuis le commencement du siècle, nous n’avions jamais pu obtenir un nombre de cardinaux, dits de couronne, égal à celui que la bienveillance du Souverain Pontife nous permettait d’espérer en ce moment. Le gouvernement du roi Louis-Philippe avait fait de vives instances auprès du pape Grégoire XVI pour obtenir six chapeaux et, malgré tous ses efforts, n’avait pu y réussir. Le second Empire et la seconde République avaient été plus heureux, malgré l’échec de Mgr Darboy ; mais le chiffre de six cardinaux français, sans parler de ceux qui pouvaient se trouver déjà à Rome comme cardinaux de curie, Mgr Bonaparte, MMgrs de Falloux et Pitra, n’avait jamais été dépassé. J’insistai auprès du gouvernement sur l’honneur qui