Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 1.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dernières années, ont été pourvues, elles aussi, d’une ample provision de cette utile denrée. La mission Marchand a pu distribuer des barres de sol en cadeaux aux chefs indigènes qu’elle a rencontrés sur sa route. Les explorateurs du bassin du Tchad, MM. de Behagle et Bonnel de Mézières, ont été mis en état d’agir de même.

En fin de compte, l’usage du sol aggloméré se répand. Les compagnies belges et l’Etat indépendant l’ont adopté. Les caravanes ne quittent plus le haut Sénégal sans s’en être approvisionnées. On le rencontre même d’une façon courante dans quelques colonies anglaises. L’entreprise est donc en voie de réussir. Il faut en souhaiter le succès pour le profit de notre industrie, pour la récompense de l’esprit d’initiative montré par ses fondateurs, et, nous ajouterons avec M. Charles-Roux, pour l’aide efficace qu’elle apportera à l’œuvre civilisatrice et humanitaire que la France poursuit en Afrique.


VII

Le sol saharien qui, en attendant l’adoption du sel marseillais aggloméré, alimente le centre africain, provient de trois points principaux : la sehkha d’Idgil, qui fournit à l’Afrique occidentale les gisemens de Taodenit qui répandent leurs produits dans le Sahel, la boucle du Niger et le Congo ; enfin la sehkha de Bilma pour toute la partie orientale et la région du Tchad. Ces trois localités se trouvent sur le trajet des caravanes qui mettent en relation les régions du nord avec celles du sud, à travers le Sahara et le Ouadaï ; et c’est l’importance de leurs produits qui a précisément déterminé la route de ces caravanes.

Les sebkhas sont des sortes de lacs salés ou de mares. Pendant la saison des pluies, les eaux du ciel et les eaux d’infiltration s’y rassemblent et en élèvent le niveau : pendant la saison sèche les eaux baissent, par suite de l’évaporation, au point, quelquefois, de laisser à nu le fond de la dépression avec le dépôt salin qui le remplit et qui est souvent exploitable.

Le sel qui alimente les populations de la boucle du Niger et du Soudan français vient, comme nous l’avons dit, des gisemens de Taodenit et des sebkhas d’Idgil ou el-Khadera. Il y a très peu de voyageurs européens, deux ou trois en tout, qui aient vu de