Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 1.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sels nutritifs, avec les phosphates alcalins et terreux et les sels de fer.

D’après les données statistiques la consommation quotidienne du sel, en Europe, est, en moyenne, de 17 grammes par tête. Là-dessus il y a environ 2 grammes qui sont nécessaires pour couvrir la perte par désassimilation : ces 2 grammes représentent le sel nutritif. Les 15 grammes restant représenteraient, donc, d’une part les 8 à 10 grammes entraînés par les excrétions, et nécessaires à la reconstitution des liquides circulans ; et, pour le surplus, la consommation de luxe ; mais, étant donnée l’influence du sel sur les sécrétions, il ne serait pas prudent de dire que ce luxe est un sacrifice fait à la simple sensualité.


On vient de voir les inconvéniens de la privation du sel ; il faudrait peut-être dire un mot de ceux qui résultent de son usage excessif. On sait qu’au-dessus de la ration moyenne, il provoque la soif et détermine une excrétion rénale surabondante : on a montré que cette augmentation diurétique était sensiblement la même, que le sujet ingère ou non quelque boisson. L’eau excrétée alors provient de la spoliation des tissus.

Si l’absorption est poussée au-delà de ces quantités modérées, les vomissemens et les troubles intestinaux en sont la conséquence. On a eu rarement l’occasion d’observer ce genre d’abus ; à moins que l’on ne veuille considérer comme authentique l’histoire de ces mousses que Pierre le Grand obligeait, dit-on, à boire de l’eau de mer afin de les endurcir à la vie marine, et qui moururent de ce régime.


VI

En dehors de sa participation active à quelques phénomènes vitaux, aucune autre substance ne réalise aussi bien que le sel ordinaire les conditions d’un milieu indifférent et cependant approprié aux besoins physiologiques de la matière vivante. Le protoplasma des particules vivantes est partout, aussi bien chez les animaux que chez les plantes, dans les cellules mobiles telles que les globules du sang ou dans les été mens fixes des tissus, également riches eu sels potassiques. Le milieu intérieur qui baigne ces particules, au contraire, est, chez les animaux tout au moins, essentiellement abondant eu sels sodiques et