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Vezet et Précy[1], » mandait-il au Roi le 18 mars. On doit donc supposer que c’est à dater de ce jour que Surville s’attacha à convaincre Précy de l’efficacité des services qu’il se disait en mesure de rendre. Mais la correspondance du général démontre avec la dernière évidence que pas plus que le Roi et Condé, il ne céda aux argumens et aux raisons du marquis. Dans une lettre adressée à d’Avaray, en septembre, il disait : « Le rapport n’est pas aussi satisfaisant sur la partie de MM. de Lamothe et Allier. Il faut que ces messieurs y aient excité de vifs mécontentemens, puisque le premier a été arrêté et mis en prison, il y a environ deux mois. On l’accuse de vexations très fortes. Mais on espère cependant le tirer de ce mauvais pas. Il parait que la division la plus forte s’était établie entre lui et Allier, car il en est venu au point de le faire fusiller. Atteint de plusieurs coups, M. Allier a cependant réussi à se sauver. Je crois M. de Surville rentré depuis environ quinze jours. J’ai toujours persisté dans mon refus de lui accorder des pouvoirs et je crois, d’après cet événement, devoir le faire moins que jamais. »

A la lumière de ces correspondances, il est aisé de se figurer en quel état d’esprit se trouvait Surville, à son retour en Vivarais. On peut même se demander dans quel dessein il rentrait et, quel espoir il conservait encore, alors qu’il était sans mandat pour prendre le commandement des opérations du Midi. On s’explique mieux son découragement, que vint accroître la constatation des malheurs survenus en son absence : l’arrestation de Lamothe, les échecs successifs des insurgés, leurs rivalités et leurs divisions. En revanche, il est impossible de préciser ce qu’il devint du mois d’août 1797 au mois de juillet 1798. Au cours de cette année, on ne retrouve ses traces qu’une seule fois. En décembre, les autorités municipales de la Lozère signalent au Directoire du département sa présence dans le pays, celle de Dominique Allier, et c’est tout. Où se trouvait-il, lorsque Lamothe périt au Puy, lorsque fut découverte, à Paris, l’agence royaliste que dirigeaient l’abbé Brottier, Duverne, Lemaître, et La Villeheurnoys ; lorsque Bonaparte fit saisir à Venise les papiers de d’Antraigues ; et lorsque enfin, menacé dans son existence par des complots dont il tenait les preuves, le Directoire recourut à la force, le 18 fructidor, pour se débarrasser de ses ennemis ? Le silence des documens

  1. Ils dirigeaient l’agence royaliste d’Augsbourg.