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l’autre, le retour des missionnaires français, obtenu par M. Gérard, dans les villes de Tsouen-yi, Houang-piri, Yu-kin-hien, Kay-tcheou, Meytan, d’où ils avaient été injustement expulsés[1].

L’année 1897 débute par l’assassinat du P. Mazel, parti de France le 29 juillet 1896 pour évangéliser le Kouang-si ; mais, dès le 4 mai 1897, M. François, notre vaillant consul à Long-tcheou, obtient la capture et l’exécution immédiate du chef principal, de quatre petits chefs et de presque tous les meurtriers[2]. Dans le cours de la même année, les missionnaires européens et 14 000 néophytes du Chan-toung septentrional sont dispersés par la violence, et le vice-roi de Tsi-nan-fou croit avoir rempli tout son devoir en ordonnant aux persécutés d’oublier leurs griefs sans se faire indemniser des mauvais traitemens et du pillage[3]. Un télégramme du 4 novembre 1897 annonce bientôt l’assassinat à Zinning, dans la même province, des missionnaires Nies, de Paderborn, et Henle, de Fribourg. Une bande de malfaiteurs, après s’être introduits dans leurs chambres, avec escalade et effraction, avaient retourné des couteaux dans le corps des victimes, découpé, puis arraché leurs entrailles[4]. Le 28 avril 1898, un télégramme avise M. Hanotaux qu’un nouvel assassinat vient d’être commis sur la personne du P. Berthollet, missionnaire au Kouang-si ; de nouvelles réparations sont aussitôt demandées et promises[5]. Mais la résidence chrétienne du Pekoan est pillée le 6 juillet 1898. Le 14 octobre, un de nos missionnaires les plus distingués, le P. Chanès et treize catholiques indigènes sont poignardés, hachés, mutilés ou brûlés dans la chapelle de Pak-lung : on finit par écraser la tête du moine français avec une grosse pierre. Le 23 décembre 1898, nouveau télégramme annonçant le meurtre du P ; Victorin, dans le Hou-pé méridional : on avait torturé, puis décapité devant lui huit de ses néophytes ; on l’avait tenaillé lui-même avec des fers rougis au feu en prolongeant son agonie pendant cinq jours. Une nouvelle persécution, plus atroce que celle de 1895, éclatait à la même date dans le Su-tchuen méridional. M. Chevillon,

  1. Lettre de M. Gérard à M. Hanotaux, 15 juillet 1896.
  2. Une somme de quinze mille taëls fut en outre versée le 13 janvier 1898 au Consulat.
  3. Annales, 1897, p. 334.
  4. Ibid., 1898, p. 73 et 87.
  5. Lettres de M. Hanotaux à M. Pichon et de M. Pichon à M. Hanotaux (3 et 28 mai 1898).