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prix de journée, il envoie des inspecteurs s’assurer que les conditions du contrat sont respectées. Mais, poussée au-delà de ces limites, la surveillance de l’Etat n’a pas de raison d’être. Cette surveillance peut devenir tracassière, gênante, intolérable même, si elle est exercée dans un esprit de rivalité malveillante. Pourquoi traiter du premier coup la bienfaisance privée en suspecte ? Donnez-lui la liberté, en la soumettant au droit commun. C’est tout ce qu’elle vous demande et aussi tout ce que vous avez le droit de lui imposer. » Et, comme conclusion de ces paroles qui avaient été écoutées avec faveur par le Congrès, l’orateur proposait de substituer à la formule du rapporteur un amendement qui aurait été ainsi conçu : « Pour arriver à l’entente, l’Etat aura le droit d’exercer un contrôle sur les établissemens de bienfaisance privée qu’il subventionnera directement ou indirectement. En dehors de ces cas, le contrôle de l’Etat ne pourra s’exercer que sur les conditions hygiéniques et, lorsque l’établissement contiendra des mineurs, sur l’observation des lois relatives à l’enseignement et aux conditions du travail. » L’amendement fut mis aux voix. Deux épreuves à mains levées semblèrent douteuses au bureau, bien que de bons yeux crussent apercevoir une majorité en faveur de l’adoption. Une proposition transactionnelle se produisit alors, d’après laquelle la bienfaisance privée aurait à se soumettre au contrôle tel qu’il serait prévu par les lois. Le rapporteur accepta cette proposition. L’auteur de l’amendement aurait eu mauvaise grâce à la repousser, car elle ne faisait qu’affirmer une vérité incontestable, ce que les Anglais appellent un truism ; et la rédaction nouvelle fut votée à une grande majorité, non sans que quelques partisans obstinés du contrôle sans limites de l’Etat eussent repris pour leur compte la rédaction primitive.

On comprend très bien que le Président, qui avait fait de louables efforts pour rassembler dans le même congrès des représentai de l’assistance publique et de la bienfaisance privée, ait voulu éviter que, dès la première séance, la zizanie et la division s’établissent entre eux sur la manière meilleure, de s’entendre, et il s’est assurément tiré avec une dextérité courtoise de ce pas difficile. Mais on peut regretter que le Congrès, dont la majorité était manifestement hostile au contrôle sans limite de l’État, n’ait pas consigné son opinion dans un texte clair. La formule du Congrès de 1889 en faveur de l’assistance obligatoire a