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IV

La loi ayant déterminé certaines catégories de malheureux vis-à-vis desquels l’assistance serait obligatoire, sous quelle forme et par quels procédés cette assistance doit-elle être accordée ? On peut comprendre de deux façons le mécanisme de ce nouveau service. Ou bien les pouvoirs publics auxquels incomberait la charge de l’assistance, communes, départemens, Etat, créeraient et posséderaient eux-mêmes les établissemens où ils hospitaliseraient enfans, malades, infirmes, vieillards, et l’assistance s’exercerait ainsi directement, ou bien ils traiteraient, soit avec des particuliers soit, avec des établissemens privés, auxquels ils les confieraient, et l’assistance s’exercerait ainsi indirectement. De ces deux systèmes, lequel est préférable ?

S’il fallait choisir d’une façon absolue, je n’hésiterais pas à préférer le second système au premier. Il serait sans doute injuste et excessif de dire qu’un établissement de charité publique laisse toujours à désirer. Il y en a de très bien tenus, surtout parmi ceux qui appartiennent aux municipalités. Il y aurait beaucoup moins de confiance à mettre dans les établissemens qui appartiendraient à un département, le département étant la personne la moins charitable qu’il y ait au monde, et encore moins dans un établissement qui appartiendrait à l’Etat. Plus l’établissement perd de son caractère local, moins la surveillance y sera efficace, moins ceux qui y seront admis pourront compter sur l’intérêt, sur la sympathie, sur les soins moraux, sans lesquels la charité publique peut devenir très dure dans ses procédés ; moins ils seront des assistés, et plus ils deviendront des administrés. Il faut donc, — et tous ceux qui ont quelque expérience de ces questions sont d’accord sur ce point, — maintenir à l’assistance obligatoire son caractère municipal ; et, à cette condition, l’exercice direct de l’assistance perd beaucoup de ses inconvéniens.

Néanmoins, le système de l’exercice indirect conserve toutes mes préférences. Ce système a déjà fait ses preuves dans le service des enfans assistés. On sait que, depuis le commencement du siècle, les hospices confient à des familles de paysans les enfans trouvés ou abandonnés dont ils sont dépositaires. De là le nom si connu dans nos campagnes d’enfant de l’hospice. La tentative