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trouve dans ces deux lettres. Il n’est pas impossible que l’espèce d’épreuve, de pénitence à laquelle il était soumis, et qui ne l’empêchait pas, on vient de le voir, de solliciter et d’obtenir des faveurs, durât encore au moment où, sur la demande de celui qui la lui infligeait, il mettait la main sous un pseudonyme transparent à un manifeste contre le duc de Savoie (1630)[1]. Il se trouvait à Paris l’année suivante, pendant que les troupes du maréchal d’Estrées investissaient la reine-mère dans le château de Compiègne pour la forcer à se retirer à Moulins. Comment celui qui était encore, un an auparavant, un écrivain officieux, se trouva-t-il alors enveloppé dans la cabale et la ruine de Marie de Médicis ? On devine, sans pouvoir l’établir, que, revenu près du foyer d’intrigues d’où Richelieu l’avait éloigné pour le protéger contre ses propres imprudences, se considérant comme mal récompensé, ne se souvenant plus que de ses devoirs envers la reine-mère malheureuse, il se laissa entraîner à des intelligences avec elle. Averti par une information autorisée qu’il n’était pas en sûreté à Paris, il crut qu’il trouverait dans la maison paternelle, à Saint-Germain-en-Velay, un abri suffisant contre le ressentiment du ministre. Ce ressentiment l’y oublia, en effet, pendant quatre mois, mais, un soir de la fin de juin 1631, il apprit qu’une commission adressée à l’intendant de Languedoc, Machault, et ordonnant son arrestation et la saisie de ses papiers, allait être exécutée le lendemain. Il partit la nuit même et se réfugia dans un coin perdu des Cévennes, probablement à Fay-le-Froid. Ce fut dans les rigueurs et les périls de cette âpre retraite qu’il composa le premier de ses pamphlets contre Richelieu : la Très humble, très véritable et très importante remontrance au Roi. En l’écrivant, il répondait à une apologie du gouvernement : la Défense du roi et de ses ministres, et obéissait à un appel de la reine mère ; il se rendit également à un appel de cette princesse, quand il alla la rejoindre à Bruxelles où elle venait de s’établir[2]. Une nouvelle carrière va s’ouvrir pour lui, la seule qui intéresse

  1. Lettres, déclarations, manifestes de S. A. de Savoie examinés, intentions de S. M. et actions du cardinal de Richelieu justifiées par les réponses de la Bressante à un Savoyard (1630), par François de Vellay, seigneur de Bressan. Voy. Reparties sur la réponse
  2. Reparties sur la réponse… Goulas raconte dans ses Mémoires (éd. Constant, t. 1, p. 115-116) qu’il rencontra à Besançon Mathieu de Morgues et son frère, qui venaient de quitter la France pour se rendre à Bruxelles. Il a antidaté cette rencontre en la plaçant en avril.