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érudits, Nicolas Rigault, Pierre et Jacques Dupuy, comme Saint-Remy, autre gendre du même Pasquier, comme le médecin du roi, Heroard. Parmi ces héritiers des politiques du XVIe siècle, parmi ces bourgeois de vieille souche française bons chrétiens et très royalistes, mais prévenus contre un mouvement dont ils voyaient surtout l’agitation et les excès, l’abbé de Saint-Germain n’était pas le moins ardent ni le moins incisif. Aux adversaires qui lui reprochèrent plus tard ses accointances et la communauté d’idées qui les avait amenées, il répondait d’une façon évasive en désavouant les sentimens qui lui étaient attribués[1], mais en se faisant honneur de son commerce avec de bons citoyens[2]. Il prenait surtout la défense de Fancan[3], à côté de qui il avait travaillé dans le cabinet de Richelieu, dont un polémiste cardinaliste le qualifiait le compagnon d’office et voulait le faire passer pour le collaborateur dans la composition du Miroir du temps présent et du temps passé[4], et avec qui il avait entretenu, sous le nom de Pancelme, une correspondance en jargon qui figura parmi les pièces à charge de son procès.

Mathieu de Morgues était donc un de ceux auxquels Richelieu devait penser, quand il résolut, en 1626, d’opposer une apologie de sa politique à l’image perfide que les pamphlets inspirés par la contre-réformation européenne essayaient d’en accréditer. L’abbé de Saint-Germain était d’autant mieux désigné pour écrire cette apologie que dans la pensée du ministre, elle devait surtout, se plaçant sur le terrain où les publicistes de la maison d’Autriche avaient porté l’attaque, rassurer sur cette politique les consciences timorées, et la justifier du reproche d’être contraire au droit public chrétien. Il s’agissait en réalité de la réconcilier avec la théologie. Or ce qui dominait chez Mathieu de Morgues, c’était le théologien, et sa vraie vocation, nous l’avons dit, aurait été d’écrire des livres de controverse théologique. Il se tira avec honneur de la tâche qui lui avait été confiée et qu’il exécuta du reste sous les yeux du cardinal[5]. Sans parler des deux hors-d’œuvre qui font le plus grand prix pour l’histoire de l’Advis d’un théologien sans passion : l’un, sur l’origine et la composition des libelles

  1. Reparties sur la réponse
  2. Lettre de change protestée.
  3. Vrais et bons advis de François Fidèle. Reparties sur la réponse.
  4. Réponse à la Remontrance, par Drion.
  5. Reparties sur la réponse