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LES
BUDGETS DU SIÈCLE


«… Car nous avons toujours pensé que les impôts et les finances sont les nerfs de la République… »
(CICERON, Pro lege Manilia.)


Dans tous les banquets on oublie quelqu’un ; de même, parmi les expositions centennales de toutes sortes qu’on vient d’admirer aux Invalides, au Champ-de-Mars et autres lieux, on a négligé celle de nos budgets. On aurait pu la mettre magnifiquement en scène, frappante pour tous les yeux, grâce aux ressources des méthodes graphiques devenues si ingénieuses, sans négliger les tableaux symboliques, les emblèmes parlans, les affiches illustrées où se fût donné libre carrière le génie des Chéret et des Mucha. Un tel spectacle eût fourni les plus utiles enseignemens à la foule des contribuables ; on ne saurait le remplacer, mais on peut utilement tracer les grandes lignes du mouvement de nos finances publiques pendant le siècle qui s’achève. Si les chiffres n’ont point pour tout le monde l’harmonie qui charmait Pythagore, ils ont au moins une voix claire que tout le monde peut entendre.

Pour suivre plus aisément la marche de nos budgets, il convient de les examiner par périodes, et les plus naturelles de ces périodes sont les régimes politiques par lesquels a passé la France depuis 1801 jusqu’à ce jour. Chacun d’eux se marque par un esprit dominant particulier, dont les résultats se traduisent, dans le domaine financier comme dans les autres, plus, même, que dans les autres. Afin d’éviter toute querelle de chiffres, nous prendrons ceux des Comptes généraux de l’Administration des