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ceux de 1898, sont loin, pour certains articles, des niveaux antérieurement atteints : ainsi la fonte au coke n° 1, cotée, en décembre 1899, à 18 dollars et demi la tonne, avait valu 49 dollars en 1872.

Voici le tableau des cours moyens depuis 1892 :


1899 1898 1897 1896 1895 1894 1893 1892
Vieux fers à Philadelphie 20.36 12.39 12.49 14.16 14.09 11.95 16.43 19.48
Fonte — 19.36 11.66 12.10 12.95 13.10 12.66 14.52 15.75
Fonte grise — 16.18 10.23 10.48 11.09 11.49 10.73 12.73 13.54
Fonte grise (minerai des bois, à Pittsburg) 16.71 9.18 9.03 10.39 10.94 9.75 11.77 12.81
Fonte Bessemer à Pittsburg 19.03 10.33 10.13 12.14 12.72 11.38 12.87 14.37
Rails d’acier à l’usine en Pensylvanie 28.12 17.62 18.75 28.- 24.33 24.- 28.12 30.-
Billettes d’acier à l’usine à Pittsburg 31.12 15.31 15.08 18.83 18.48 16.58 20.44 23.63

Les fluctuations ont été à peu près les mêmes en Angleterre, où la fonte Cleveland, cotée à Glasgow sous forme de warrant, donne la note du marché : le cours, de 44 shillings en décembre 1898, s’était élevé à 70 un an plus tard. Les prix anglais restent en ce moment supérieurs aux prix américains, ce qui permet à la colossale production des États-Unis de venir s’offrir en partie aux consommateurs de la Grande-Bretagne : on parle déjà d’achats d’acier américain faits par les constructeurs de navires en Écosse et en Irlande : l’inquiétude est grande, parmi les fabricans de fer, en face de cette formidable concurrence qui se lève à l’horizon.

Celle-ci ne s’exerce pas seulement sur le domaine métallurgique : il y a peu de semaines, le chancelier de l’Echiquier émit 250 millions de francs de bons du Trésor à trois ans d’échéance : ne se croyant pas sûr de les placer aisément sur le marché de Londres, il recourut à un syndicat de banquiers, à la tête duquel se trouvait la maison Morgan de New-York. Au mois de septembre 1900, l’Allemagne a négocié 80 millions de marcs, soit 100 millions de francs de bons du Trésor 4 pour 100 échéant en 1904 et 1905, sur le même marché. La Suède est en voie d’y emprunter 10 millions de dollars (52 millions de francs). L’Europe Trappe à la porte de sa jeune et opulente rivale, et, de créancière qu’elle était, va devenir peu à peu sa débitrice. Un journal financier anglais salue ces événemens en appelant New-York the worlds new banker, le nouveau banquier du monde. Ce n’est plus