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et demi de tonnes, tandis que celle de l’Angleterre est restée presque stationnaire aux environs de 9 millions et demi, chiffre qui ne dépasse celui de 1898 que de quelques centaines de milliers de tonnes. Les États-Unis produisent donc près de 60 pour 100 de plus que la Grande-Bretagne, qui, il y a dix ans, était le premier producteur du monde, et 50 pour 100 de plus qu’eux-mêmes en 1897. La Pensylvanie, à elle seule, fabrique 6 millions et demi de tonnes (de 2 240 livres), l’Ohio 2 millions un tiers, l’Illinois, 1 million et demi : ces trois États réunis fournissent les trois quarts du total américain. L’importation est devenue nulle aux États-Unis, qui tiraient autrefois d’Europe une partie des rails et autres objets dont ils avaient besoin, et qui commencent au contraire à exporter des quantités qu’on estime déjà à un million de tonnes par an, et qui, selon toute vraisemblance, sont destinées à croître rapidement.

Le mouvement américain a encore gagné en intensité durant le premier semestre de 1900, au cours duquel la production a été de 7 640 000 tonnes, chiffre le plus fort jamais atteint, double de celui du premier semestre de 1889 et dépassant encore de 300 000 tonnes celui du second semestre de 1899. Toutefois divers symptômes semblent indiquer que nous approchons du point culminant de la période actuelle, si nous ne l’avons pas déjà atteint et dépassé : le stock, c’est-à-dire les quantités invendues aux mains des manufacturiers ou de leurs agens, ainsi que celles qui reposent dans les magasins de la compagnie américaine de warrantage de la fonte, s’est relevé à 350 000 tonnes, alors qu’au 1er janvier dernier il était tombé à 68 000 tonnes. Les nouvelles qui arrivent de l’autre côté de l’Atlantique indiquent la préoccupation des maîtres de forges en face de la difficulté d’écouler leur production : beaucoup de hauts fourneaux sont éteints : on a été jusqu’à proposer de fermer les usines pendant un mois. Il n’en est pas moins certain que la consommation américaine, pendant les six premiers mois de 1900, a été de 7 367 000 tonnes, alors qu’en 1897 elle n’était encore que de 4 277 000[1].

Ce développement a été dû à la prospérité générale de la nation, qui a consacré des sommes de plus en plus fortes, provenant de ses bénéfices agricoles et commerciaux, au

  1. Financial Chronicle, 28 juillet 1900.