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groupa une production d’environ 3 millions de tonnes ; puis se constituèrent successivement les syndicats de Bochum, d’Essen, de Steele Mulheim (houille maigre) et des briquettes. Le 19 février 1892, ayant reconnu l’énorme difficulté de régulariser leurs ventes, surtout en temps de baisse, ils décidèrent de former un syndicat de vente unique, ayant son siège à Essen et seul chargé, pour une durée de cinq ans, depuis prolongée jusqu’en 1905, de la vente de la production du bassin rhénan-westphalien. Le syndical prit la forme d’une société anonyme, dont ne sont actionnaires que les producteurs ; la société achète le charbon aux mines et le revend aux consommateurs ; à côté d’elle, les syndicats spéciaux pour des produits déterminés continuent à fonctionner. Elle contrôle aujourd’hui près de la moitié de la production de l’Allemagne et presque toute celle du bassin rhénan-westphalien, évaluée pour l’année 1900 à 55 millions de tonnes.

L’un des objets principaux dont se préoccupe l’union pour la vente des charbons est le maintien des fluctuations de prix dans les limites les plus étroites possible. Une organisation aussi puissante deviendrait vite intolérable si elle prétendait user de sa force pour dicter aux consommateurs des prix maximum. Le syndicat cherche, aux époques de grande demande comme celle que nous traversons, à éviter les hausses violentes : ainsi le charbon à flamme qui, de 1887 à 1890, avait subi une hausse de 8 fr. 25 par tonne, ne s’est élevé que de 1 fr. 90 dans la période 1893-1899 ; le coke de fonderie, aux mêmes dates, présente un mouvement de 16 fr. 60 la première fois, de 3 fr. 20 la seconde. Le ministre des Chemins de fer de Prusse reconnaissait, dès 1893, que « l’idée mère de la constitution du syndicat des houilles avait été une pensée de modération, en vue de combattre les hausses excessives des prix comme leur avilissement exagéré : le but est de réaliser une certaine stabilité des cours et des salaires et d’assurer aussi une existence plus sûre à une population d’un million d’individus. » Nous nous attendons à voir des organisations analogues s’établir peu à peu dans les pays houillers ; elles rencontreront plus d’obstacles dans ceux où l’esprit d’association est moins développé, mais elles finiront par s’imposer partout.

Il n’est guère possible de mesurer l’importance des approvisionnemens de houille que le monde porte encore dans ses flancs. S’il est relativement facile d’établir la durée probable de gisemens connus, chaque jour d’autres couches se découvrent et